En ce qui concerne l’état de droit, Mme Merkel a insisté sur l’importance de sociétés plurielles, d’une justice indépendante et de médias indépendants.

La chancelière fédérale Angela Merkel a remercié son hôtesse Beata Szydło de son accueil chaleureux. Cette rencontre permet de poursuivre l’intense échange de l’année passée, à l’occasion de laquelle l’Allemagne et la Pologne avaient fêté le 25e anniversaire du traité germano-polonais de bon voisinage et de coopération.

La chancelière Angela Merkel s’est rendue à Varsovie à l’invitation du gouvernement polonais, répondant ainsi à la première visite officielle, en février 2016, de la première ministre Beata Szydło. Le programme de cette visite de travail incluait également des entretiens avec le président Andrzej Duda ainsi qu’avec des représentants de l’opposition et de la minorité allemande.

Solides piliers de la coopération

La chancelière fédérale a cité comme piliers du bon voisinage entre l’Allemagne et la Pologne la coopération politique, qu’elle soit bilatérale ou dans le cadre de l’Union européenne, mais aussi l’étroite coopération économique ou encore l’intense échange entre les deux sociétés.

Dans le champ politique, l’entretien a porté « sur ce que nous pouvons faire ensemble, mais aussi sur notre position commune dans l’Union européenne », a déclaré Mme Merkel. Dans ce contexte, elle a mentionné la protection du climat et un groupe de travail sur ce que l’on appelle le « plan gazier d’hiver » au sujet duquel les deux pays souhaitaient exprimer leurs positions.

Les échanges de jeunes entre les deux pays doivent être renforcés. Il s’agit d’un domaine dans lequel l’on peut « ouvrir la voie sur le plan politique », a déclaré Mme Merkel, expliquant que l’Allemagne avait porté à six millions d’euros l’aide annuelle à l’Office germano-polonais pour la Jeunesse. Il existe une volonté d’avancer sur ce dossier à travers de nouveaux projets.

Renforcer les impulsions démocratiques

La chancelière Angela Merkel et la première ministre Beate Szydło ont également abordé le thème de l’état de droit. Le gouvernement polonais est sur ce point en consultation avec la Commission européenne, selon Angela Merkel. « Je veux dire encore une fois, de façon toute personnelle, que j’ai toujours observé avec une grande attention, en tant que jeune personne, ce qui se passait en Pologne », a rappelé la chancelière. Solidarnosc a également marqué sa vie, « et sans Solidarnosc, ni la réunification européenne ni la fin de la guerre froide n’auraient peut-être eu lieu si rapidement, non plus que l’unité allemande. »

Cette période a démontré l’importance de sociétés plurielles et d’une justice ainsi que de médias indépendants, car tout cela a manqué autrefois. « De ce point de vue, j’ai été heureuse d’entendre que la Pologne allait répondre aux questions de la Commission européenne ainsi que de la Commission de Venise. Je souhaite que la discussion sur ce point se déroule de façon très constructive entre les deux partenaires », a souligné Mme Merkel.

La Pologne à l’honneur de la foire de Hanovre

Angela Merkel a également évoqué le fait que la Pologne soit cette année l’invitée d’honneur de la foire de Hanovre, ce qui lui offre la possibilité d’exposer son savoir-faire à l’occasion du plus grand salon industriel au monde. Réciproquement, de grandes entreprises allemandes, mais également des PME, s’impliquent en Pologne, selon la chancelière fédérale. Cette dernière a remercié la première ministre pour l’assurance que celles-ci étaient les bienvenues sur le territoire. « De la même façon, bien sûr, que le sont les entreprises polonaises du côté allemand », d’après Mme Merkel.

Sécurité commune en Europe

La politique de défense est également un domaine non négligeable de la coopération. La chancelière a mis en avant les contributions allemandes liées au renforcement du Partenariat oriental. L’Allemagne est consciente de devoir accroître encore ses dépenses de défense au-delà de l’augmentation de 5 % qui a eu lieu l’an dernier. « Je crois que l’Allemagne et la Pologne ont sur ce point des positions très similaires », a souligné la chancelière.

La question de la sécurisation des frontières, y compris contre la migration irrégulière en provenance de l’est, a aussi compté parmi les sujets abordés. Les ministres de l’Intérieur poursuivront le cas échéant leur coopération sur ce dossier. La construction d’une école commune au Liban est un très beau projet en progression et « un signe germano-polonais de notre volonté de lutter contre les causes de migration, qui montre que nous voyons en cela une priorité dans la gestion de la crise migratoire », a affirmé la chancelière. Le sujet de l’avenir de l’Europe est réservé à l’entretien approfondi qui aura lieu au cours du dîner commun, a conclu Angela Merkel.

Rencontre avec la société civile et les partis politiques

La chancelière a ensuite rencontré à Varsovie, après un échange avec le président polonais Andrzej Duda, des représentants de la communauté allemande. Celle-ci vit aujourd’hui majoritairement autour d’Opole (Oppeln en allemand), dans la partie occidentale de la Haute-Silésie dans la voïvodie d’Opole. Le respect des obligations émanant du traité de bon voisinage est un signe important en ce sens, a souligné Mme Merkel.

Des rencontres ont en outre eu lieu avec plusieurs présidents de partis. Angela Merkel s’est ainsi entretenue avec Jarosław Kaczyński, chef du parti au pouvoir Droit et Justice (Partei Prawo i Sprawiedliwość - PiS). La chancelière s’est également réunie avec le président de la Plate-forme civique de l’opposition (Platforma Obywatelska - PO), Grzegorz Schetyna, et celui du Polskie Stronnictwo Ludow (PSL), Władysław Marcin Kosiniak-Kamysz. La PO et le PSL, comme les partis allemands de l’union CDU/CSU (Union chrétienne-sociale), appartiennent au Parti populaire européen.