Le gouvernement fédéral condamne le référendum

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Crise en Crimée Le gouvernement fédéral condamne le référendum

Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a qualifié d’« illégal » le référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Pour l’Allemagne, ce référendum est contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international.

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En Crimée, un homme porte un panneau appelant à boycotter le référendum.

Les appels à boycotter le référendum illégal se sont tus.

Photo : picture alliance / AP Photo

M. Seibert a notamment exigé qu’une décision soit prise au sujet de la mission d’observation de l’OSCE, que l’Union européenne réagisse clairement et qu’un soutien concret soit apporté à l’Ukraine.

Lors d’une conférence de presse gouvernementale qui s’est tenue à Berlin, Steffen Seibert a déclaré que le gouvernement fédéral restait très préoccupé : « Les tentatives permanentes visant à porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à déstabiliser le pays persistent. » Dans une phase de grande insécurité en Ukraine, la Russie n’a pas agi selon lui comme un partenaire de stabilité, mais elle profite au contraire de la faiblesse de son voisin.

L’Allemagne ne reconnaît pas l’issue du référendum

« Ce référendum est contraire à la Constitution ukrainienne, et contraire également au droit international », a constaté le porte-parole. « De notre point de vue, il est illégal. » L’Allemagne dénonce ce vote non conforme au droit. « Non seulement nos partenaires européens et nous contestons la légalité de ce référendum, mais nous n’en reconnaîtrons pas le résultat », a poursuivi Steffen Seibert, avant de préciser que, de surcroît, la façon dont le référendum s’était déroulé allait manifestement à l’encontre des exigences élémentaires auxquelles doit répondre un vote libre et juste.

Un vote en présence de l’armée

Les questions posées lors du référendum étaient biaisées, a critiqué le porte-parole. Il n’y avait aucune possibilité de voter pour le statu quo. Le vote s’est déroulé sous la pression d’une présence massive de l’armée et de forces paramilitaires, y compris la présence illégale de forces russes. « Des restrictions majeures de la liberté d’opinion et de la liberté de la presse étaient patentes. En outre, le délai entre la convocation du référendum et sa tenue étaient extrêmement courts », a affirmé M. Seibert. Ce délai a même été raccourci à deux reprises.

La Russie largement isolée

De nombreuses forces démocratiques partagent le point de vue du gouvernement fédéral en ce qui concerne la crise en Crimée : cette évaluation de la situation correspond essentiellement au projet de rapport d’expertise de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe, a constaté M. Seibert. Elle rejoint également la position exprimée la semaine dernière par le président de l’OSCE, Didier Burkhalter.

La Russie reconnaît ce soi-disant « référendum ». En cela, elle est largement isolée. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a discuté d’une proposition de résolution dénonçant ce référendum comme non valide car étant contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international. 13 pays ont voté en faveur de la résolution, la Chine s’est abstenue, mais la Russie y a opposé son veto.

Entretien téléphonique d’Angela Merkel avec Vladimir Poutine

Dimanche, la chancelière fédérale avait réaffirmé cette position sans équivoque au cours d’une conversation téléphonique avec le président russe. À cette occasion, elle a condamné la prise de contrôle temporaire d’un terminal gazier par des forces russes dans la région de Kherson, a précisé le porte-parole, cet incident constituant un exemple de mesures déstabilisatrices, « de mesures qui ont eu pour conséquence une dégradation de la situation dans l’est et le sud de l’Ukraine ».

Pour finir, le porte-parole du gouvernement fédéral a résumé encore une fois l’objectif de l’Allemagne : « Le gouvernement fédéral et nos partenaires européens souhaitent que le calme revienne en Ukraine et que les Ukrainiens soient assurés, indépendamment de leur origine et de leur appartenance culturelle, de pouvoir vivre en sécurité dans un système fondé sur la primauté du droit, dans un État de droit. »

Trois conséquences exigées

Pour le gouvernement fédéral, les événements des derniers jours appellent trois conséquences, à savoir essentiellement l’envoi d’observateurs de l’OSCE, la riposte de l’Union européenne, qui devra être assortie de sanctions ciblées, et la nécessité d’apporter un soutien concret à l’Ukraine.

  • Des observateurs de l’OSCE en Ukraine

M. Seibert a exigé qu’une mission d’observation de l’OSCE puisse commencer son travail dans les plus brefs délais, afin d’éviter que la situation ne s’envenime dans l’est et le sud de l’Ukraine. Cette exigence a également été mentionnée par la chancelière lors de son entretien au téléphone avec Vladimir Poutine. La chancelière a insisté fermement sur l’importance d’un règlement politique.

« S’agissant des observateurs de l’OSCE, nous souhaitons voir une décision de l’OSCE adoptée dès aujourd’hui. Nous espérons qu’une telle décision sera largement soutenue », a déclaré Steffen Seibert. Le président Poutine, a-t-il ajouté, a porté un jugement positif sur cette initiative devant Mme Merkel, « nous comptons bien sur le fait que l’attitude de la Russie s’en ressentira ».

  • Réactions de l’Union européenne

« Les progrès inexistants dans le processus politique et le déroulement du référendum exigent une riposte nette de la part de l’Union européenne », a également déclaré le porte-parole. Jusque vendredi dernier, le gouvernement fédéral, l’Union européenne et les États-Unis se sont efforcés de mettre en place un groupe de contact. Malheureusement, le gouvernement russe n’en a pas voulu. Le conseil « Affaires étrangères » qui se tient aujourd’hui (le 17 mars) à Bruxelles va donc décider de premières sanctions ciblées.

De même, le prochain sommet UE-Russie doit être remis en cause, a-t-il constaté. « Et d’autres mesures doivent être envisagées si la Russie avance encore sur la voie d’une annexion de la Crimée. » Le Conseil européen qui se réunira jeudi et vendredi (les 20 et 21 mars), comme prévu par le calendrier, sera la prochaine occasion de faire le point sur l’évolution de la situation.

  • Soutien à l’Ukraine

M. Seibert a également exhorté à soutenir l’Ukraine. « Ce soutien ne doit pas se faire attendre plus longtemps. Il doit devenir tangible pour les Ukrainiens », a-t-il insisté. Après avoir examiné la situation, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne ont rapidement donné suite à l’appel qui leur a été lancé.

« Le gouvernement fédéral ne relâchera pas ses efforts diplomatiques destinés à désamorcer la crise et à faire respecter la souveraineté ukrainienne », a conclu le porte-parole. « La Russie doit mettre un terme à ses activités militaires en Ukraine dès lors qu’elles n’ont pas été décidées en concertation avec Kiev et ne sont pas conformes aux accords conclus avec le gouvernement ukrainien. Tout scénario envisageant une intervention dans d’autres parties de l’Ukraine est inacceptable et très dangereux. »