En se rendant à Kiev et Moscou, la chancelière fédérale Angela Merkel et le président français François Hollande unissent leurs efforts en vue de parvenir à une solution pacifique du conflit ukrainien. À Berlin, Mme Merkel a souligné que l'effusion de sang devait cesser. Après les entretiens d'hier à Kiev, une rencontre est prévue aujourd'hui avec le président Poutine à Moscou.
En marge d'une réunion avec le premier ministre iraquien à Berlin, Mme Merkel a expliqué que le président Hollande et elle avaient décidé d'entreprendre quelque chose en réponse à l'escalade de la violence et aux nombreuses victimes dans la région. Par leurs visites à Kiev et Moscou, M. Hollande et elle souhaitent s'engager « de toutes [leurs] forces » afin de mettre fin le plus rapidement possible à l'effusion de sang dans l'est de l'Ukraine. Il faut enfin donner corps aux accords de Minsk, a insisté la chancelière.
« Nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit », a souligné Mme Merkel. Cependant, il n'est pas certain que ces entretiens déboucheront sur la conclusion d'un cessez-le-feu. « Nous ne savons pas si nous y parviendrons aujourd'hui ou si d'autres entretiens seront nécessaires. Nous ne savons pas si la rencontre d'aujourd'hui à Moscou sera longue ou plutôt courte, ni s'il s'agira de la dernière », a indiqué la chancelière. « Nous pouvons seulement faire ce qui est en notre pouvoir. »
Lors de la conférence de presse gouvernementale, le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert a insisté que « tout vaut la peine d'être tenté afin de trouver des approches pouvant mener à un cessez-le-feu. » Les accords de Minsk demeurent « la meilleure base pour la paix ». Mme Merkel et M. Hollande ne veulent « rien laisser de côté » dans la poursuite de cet objectif. Il faut néanmoins être réaliste et voir que les entretiens prévus avec M. Poutine s'annoncent très difficiles : « Rien n'indique qu'une percée sera réalisée », a souligné M. Seibert.
Au sujet de propositions de solutions à des questions territoriales ayant été évoquées, Mme Merkel a été claire sur le fait qu'en tant que chancelière fédérale allemande, elle ne discuterait jamais de telles questions en l'absence du pays concerné, dans ce cas-ci l'Ukraine. « Cela est exclu. Il revient à chaque pays de mener ce genre de négociations. »
Mme Merkel a souligné que M. Hollande et elle n'étaient pas des « médiateurs neutres ». Leur rôle est plutôt de faire valoir les intérêts de l'Allemagne, de la France, et surtout de l'Europe. C'est pourquoi elle a également eu un entretien téléphonique hier avec le président du Conseil européen Donald Tusk, afin de l'informer du voyage, a-t-elle expliqué.
La paix, l'ordre de paix européen et son maintien : voilà les intérêts de l'Europe, a déclaré Mme Merkel. « Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » est également un enjeu, a-t-elle en outre expliqué. L'ordre de paix de l'Europe a été « mis au défi par le comportement de la Russie », a ajouté M. Seibert.
Après la récente escalade de la violence dans la crise ukrainienne, Mme Merkel s'est rendue à Kiev jeudi pour une visite éclair. Avec le président français François Hollande, elle a discuté avec le président Petro Porochenko de situation dans l'est du pays. Des entretiens avec le président Poutine sont prévus vendredi soir à Moscou.