CONFÉRENCE DE PRESSE
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LA CHANCELIÈRE FÉDÉRALE : Mesdames, Messieurs, comme vous avez pu le constater, nous nous sommes longuement réunis. Et, malgré des conditions difficiles, nous sommes parvenus à des conclusions satisfaisantes. Je suis donc maintenant en mesure de vous présenter le fruit de la collaboration aussi intense que constructive de la Fédération et des Länder, non seulement cet après-midi mais également au cours des dernières journées préparatoires. Je tiens à remercier très sincèrement les Länder pour l’ampleur de la contribution qu’ils ont apportée.
La fin du mois de novembre est proche. Lors de notre réunion du 28 octobre dernier, nous avions pris des mesures temporaires mais rigoureuses. Aujourd’hui, comme convenu, nous avons tiré les conclusions du mois de novembre et nous avons défini la marche à suivre dans les prochaines semaines. Vous savez que ces décisions ne s’appliqueront pas seulement aux deux à trois semaines à venir et qu’elles resteront en vigueur pendant un certain temps encore.
Nous sommes unanimes dans notre évaluation des effets produits par ces mesures : la hausse exponentielle du nombre de cas positifs a été interrompue. Après une forte augmentation, nous avons atteint un plateau. Pour autant, notre réussite n’est que partielle. Elle nous a permis d’éviter des centaines de milliers de nouvelles infections, et donc une surcharge de notre système de santé et de nombreux décès. Mais nous ne pouvons en aucun cas nous en satisfaire. Le nombre quotidien de nouveaux cas stagne à un niveau encore beaucoup trop élevé. Les unités de soins intensifs ont énormément de travail. Aussi, je tiens à adresser personnellement tous mes remerciements aux médecins ainsi qu’à l’ensemble du personnel soignant dont beaucoup atteignent désormais leurs limites. L’information communiquée par l’Institut Robert Koch, selon laquelle la Covid-19 a fait 410 victimes de plus ces 24 dernières heures, nous rappelle de la façon la plus tragique qui soit que ces statistiques renvoient à des destinées et des vies humaines dont certaines ont été trop précocement interrompues, plongeant des familles dans la douleur d’avoir perdu un être cher.
C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, nous avons deux messages pour les citoyennes et les citoyens de notre pays : tout d’abord, nous leur adressons nos remerciements puisque, ces dernières semaines, la population a su, dans sa grande majorité, faire preuve de solidarité en acceptant à nouveau les restrictions importantes qui lui étaient imposées. Mais aussi, nous tenons à leur dire, de la part de la Fédération et des Länder, que la situation ne nous permet pas de lever les mesures prises en novembre. Nous sommes encore trop loin du taux d’incidence cible de 50 nouveaux cas positifs pour 100 000 habitants par période de sept jours. Je suis par ailleurs convaincue – et ce point a également fait l’unanimité parmi nous aujourd’hui – que c’est là un objectif que nous devons continuer de poursuivre. Ce n’est pas le seul critère de détermination du niveau actuel de la pandémie. Mais c’est une valeur déterminante pour savoir si notre système public de santé peut encore assurer le suivi des cas positifs et briser la chaîne de contamination, ou s’il lui est tout simplement désormais impossible de le faire, comme c’est malheureusement le cas actuellement dans la grande majorité des districts.
Nous étions parfaitement conscients que la population attendait de nous des informations claires concernant cette fin d’année. Elle en a le droit. C’est justement dans ce sens que nous avons orienté notre discussion. Nous avons devant nous le mois de décembre, un mois particulier avec Noël puis le Nouvel an – des jours très importants, notamment pour les Chrétiens, mais aussi pour les familles de manière générale. Ce sont des aspects dont nous avons tenu compte dans nos décisions.
Chacune et chacun d’entre nous continue d’avoir un rôle important à jouer. Les infections se produisent partout où les gens se retrouvent sans respecter les règles de distanciation et de prudence. Nous sommes donc toutes et tous instamment invités à nous abstenir de tout contact qui ne serait pas impératif, à ne pas entreprendre les voyages qui ne seraient pas absolument essentiels, à renoncer aux rencontres qui ne seraient pas indispensables, et à rester chez nous autant que possible.
Je vais maintenant vous expliquer dans le détail les décisions que nous avons prises. Auparavant, toutefois, je me contenterai de vous dire en quelques mots que nous devons poursuivre nos efforts : c’est impératif. Une fois de plus, notre patience, notre solidarité et notre discipline sont mises à rude épreuve. Nous avons de bonnes raisons de penser que 2021 nous apportera le soulagement escompté. Ces lueurs d’optimisme, concernant notamment la vaccination, sont peut-être ce qui nous aide, pas à pas, à combattre et à venir à bout de la pandémie en faisant preuve, d’ici là, de patience et de solidarité.
Pour récapituler brièvement les décisions, je dirai qu’il faut continuer à éviter tout contact qui ne serait pas nécessaire. Nous voulons demander aux employeurs de privilégier autant que possible le télétravail et, éventuellement, de décréter la fermeture annuelle de leur entreprise entre les fêtes ou de permettre à leur personnel de travailler à domicile.
Nous avons demandé au gouvernement fédéral d’essayer de s’entendre avec ses voisins européens afin d’éviter les voyages dans ces pays, en particulier pour des séjours de ski. Je vais être honnête avec vous, ce ne sera probablement pas facile, mais nous allons essayer.
Tout d’abord, les mesures prises le 28 octobre seront toutes prolongées jusqu’au 20 décembre. Nous partons cependant du principe – la Fédération et les Länder sont unanimes sur ce point – que, pour autant qu’on puisse en juger compte tenu du taux d’infection très élevé, les restrictions devront s’appliquer jusqu’à début janvier à moins que le nombre de cas positifs repasse en-dessous de 50 pour 100 000 habitants sur une période de sept jours. Un scénario malheureusement improbable à ce stade.
Nous avons par ailleurs pris des mesures supplémentaires. Elles étaient nécessaires afin d’amorcer une décrue maintenant que le nombre de cas a atteint un plateau. Les petits magasins devront appliquer la règle des 10 mètres carrés par client. Dans les grands magasins de plus de 800 mètres carrés, chaque client autorisé à entrer devra disposer de 20 mètres carrés. Dans les centres commerciaux, il est très important de tenir compte de la superficie totale. Les Länder dont le taux d’incidence est faible, autrement dit inférieur à 50 cas positifs pour 100 000 habitants, peuvent prendre des dispositions moins contraignantes. Pour l’heure, deux sont concernés : le Schleswig-Holstein et le Mecklembourg-Poméranie occidentale.
Toutefois, nous avons aussi principalement discuté de la nécessité d’envisager des mesures plus strictes. Il existe une stratégie concernant les foyers d’infection que la Fédération et les Länder ont déjà décidé de mettre en œuvre à plusieurs reprises et qui s’applique dès que le nombre de nouveaux cas dépasse 50 pour 100 000 habitants – une situation qui exige des restrictions systématiques. Lorsque le taux d’infection augmente, des mesures supplémentaires doivent être prises.
Cette stratégie concernant les foyers d’infection demeure applicable. Aujourd’hui, nous avons aussi décidé qu’en présence d’une situation épidémique extrême, lorsque le taux d’incidence est supérieur à 200 nouveaux cas positifs pour 100 000 habitants par semaine et que l’infection est diffuse, les mesures générales devaient être étendues afin de permettre une baisse rapide.
Pour ce qui est de la République fédérale d’Allemagne, je tiens à dire que si nous considérons notre pays dans sa totalité, cela concerne actuellement Berlin et 62 autres districts pour lesquels nous devons réfléchir à la façon d’introduire, le cas échéant et en fonction de la situation, de nouvelles mesures en plus de celles qui s’appliquent déjà à l’ensemble du pays. Celles-ci seront certainement variables d’un endroit à l’autre. Certains districts ont un taux d’incidence supérieur à 300, ce qui appelle des mesures d’une plus grande sévérité.
Le port obligatoire du masque de protection sera fortement renforcé et concerne tous les lieux accueillant du public dans les centres-villes ainsi que dans les entreprises et sur les différents lieux de travail. À l’exception des laboratoires et autres sites similaires, les grandes écoles et universités passeront à un enseignement à distance.
Nous réduisons une fois de plus les contacts à cinq personnes de deux foyers différents au maximum, les enfants de moins de 14 ans n’étant pas compris. Cela constitue un nouveau durcissement par rapport à la semaine dernière, mais qui devrait permettre à des groupes constitués au maximum de dix personnes appartenant au même cercle familial ou amical restreint de passer les fêtes ensemble entre le 23 décembre et le 1er janvier au plus tard. Là encore, les enfants de moins de 14 ans ne seront pas pris en compte.
Un dialogue sera engagé avec les communautés religieuses afin que la fête de Noël ne donne lieu à aucun rassemblement festif de grande envergure.
Nous avons longuement évoqué notre volonté commune de garder les écoles ouvertes. Pour autant, nous nous sommes demandé ce que nous devrions faire si le taux d’incidence était très élevé dans certains districts. À cet égard, nous avons pris des mesures complémentaires imposant, d’une part, le port du masque de protection également aux élèves les plus grands partout dans l’enceinte de leur établissement scolaire. Si le taux d’incidence est supérieur à 200, d’autres mesures devront être mises en place établissement par établissement afin d’aménager les cours des élèves les plus grands, à partir de la huitième année, et de garantir ainsi un plus grand respect des règles concernant la distanciation, l’hygiène des mains, le port du masque et la ventilation des locaux, en prévoyant par exemple un enseignement hybride et un système de rotation par petits groupes – cela fait partie des mesures en cas de situation épidémique extrême. Respect des règles de distanciation, hygiène des mains, port du masque : il s’agit là essentiellement de distanciation sociale.
Nous avons bien sûr également discuté des mesures de compensation financière du mois de décembre, lesquelles seront similaires à celles de novembre. Par ailleurs, les aides temporaires III s’appliqueront jusqu’en juin 2021.
Un autre point, sur lequel je souhaite revenir, concerne les groupes vulnérables. En plus des masques FFP2 que nous voulons mettre à leur disposition, nous avons aussi beaucoup pensé aux résidentes et résidents des établissements accueillant des personnes âgées et autres structures d’accueil qui doivent pouvoir eux aussi passer de bonnes fêtes de Noël. Personne ne doit rester seul pour Noël. C’est pourquoi nous serons particulièrement attentifs à ce que tous puissent recevoir de la visite.
Globalement, la discussion a été très intense – je n’ai pas pu entrer dans tous les détails ici –, et elle avait pour but de clarifier la situation pour les semaines qui nous attendent et de souligner combien la période que nous vivons est difficile, combien nous devrons continuer à œuvrer afin que les chiffres poursuivent leur décrue. En d’autres termes, cela signifie : continuons à limiter nos contacts ! C’est pour cela que nous avons dû durcir certaines de nos mesures. Tenant compte du contexte spécifique à la période de Noël et du Nouvel an, le résultat auquel nous sommes parvenus est, je pense, satisfaisant.
Je vous remercie !