Déclaration de politique générale en amont du Conseil européen
Dans sa déclaration de politique générale prononcée devant le Bundestag en amont du Conseil européen, Olaf Scholz a indiqué que le soutien à l’Ukraine mais aussi la politique d’élargissement de l’Europe faisaient partie d’une stratégie « visant à défendre la paix en Europe ». Ces deux sujets figurent au programme du Conseil européen qui se tiendra jeudi 14 et vendredi 15 décembre à Bruxelles. Le chancelier souhaite également évoquer les réformes de l’Union européenne.
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Le chancelier fédéral Olaf Scholz au Bundestag : la guerre d’agression de la Russie reste le principal enjeu de sécurité pour notre continent.
Photo : Gouvernement fédéral/Kugler
Le chancelier fédéral Olaf Scholz a prononcé aujourd’hui une déclaration de politique générale en vue du Conseil européen à venir. En ouverture de sa déclaration, il a félicité le nouveau premier ministre polonais Donald Tusk, qui a prêté serment ce matin même. Devant le Bundestag, le chancelier s’est réjoui à la perspective de « faire avancer l’Union européenne et les relations entre l’Allemagne et la Pologne main dans la main avec cette dernière ».
Pour le chancelier, la Pologne est un « élément indispensable de notre Union européenne ». Son rôle au sein de l’Europe et pour l’Europe est aujourd’hui plus important que jamais, notamment en raison de sa contribution en matière de politique de sécurité dans le cadre de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. « L’Allemagne et la Pologne ont accueilli plus de réfugiés ukrainiens que tous les autres membres de l’Union européenne », a précisé Olaf Scholz.
La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, un enjeu de sécurité majeur
Il y a presque deux ans que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a commencé. Elle constituera l’un des grands sujets de discussion de la réunion du Conseil européen qui se tiendra les 14 et 15 décembre à Bruxelles. Cette guerre reste « le principal enjeu de sécurité de notre continent ».
Olaf Scholz s’est déclaré impressionné par les accomplissements des forces armées ukrainiennes, qui sont parvenues à libérer des territoires et à enregistrer d’autres succès, par exemple avec la nette amélioration de la défense aérienne du pays. L’Allemagne apporte ici une contribution importante en mettant à disposition des chars antiaériens Gepard, des systèmes Iris-T ainsi que des systèmes de défense antiaérienne Patriot.
Ce soutien à l’Ukraine est urgent : la Russie est passée à une économie de guerre et sa production d’armes tourne à plein régime. De plus, le président russe envoie au front des soldats par dizaines de milliers sans se soucier des pertes.
Soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra »
Au vu de cette évolution, le soutien international à l’Ukraine ne doit pas faiblir, a réaffirmé le chancelier. Au sein de l’UE, presque tous les États membres se sont entendus sur une aide de 50 milliards d’euros à l’Ukraine au cours des années à venir, seule la Hongrie n’a pas encore donné son feu vert. Par ailleurs, la décision d’accorder des aides supplémentaires est fortement liée aux négociations sur le budget de l’Union.
Dans le cadre du Conseil européen, Olaf Scholz veut s’engager pour une aide financière durable et fiable à l’Ukraine. La guerre d’agression russe est un enjeu de sécurité pour l’Europe. Il s’agit de faire en sorte que « les frontières de l’Europe restent sûres ». Et cela se décidera aussi en Ukraine. C’est pourquoi le fait que l’Allemagne soutienne l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » fait partie des propositions émises pour le budget fédéral 2024.
Ce soutien comprend 8 milliards d’euros pour la livraison d’armes, des aides financières pour le budget de l’Ukraine ainsi qu’une enveloppe prévisionnelle de plus de 6 milliards d’euros pour les réfugiés ukrainiens en Allemagne. En effet, « puisque l’on peut s’attendre à une guerre longue, le soutien à l’Ukraine dépendra beaucoup de l’Allemagne », a expliqué le chancelier.
Un signal clair aux dirigeants russes
Le Conseil européen n’est pas le seul à se pencher sur la guerre d’agression de la Russie et ses conséquences. Dans le cadre du G7, un accord concernant des garanties de sécurité pour l’Ukraine a également été trouvé, et 31 pays s’y sont déjà associés. L’objectif est de « renforcer ensemble les capacités de défense de l’Ukraine pour que la Russie n’ose plus jamais lancer d’attaque sur le pays ».
L’Allemagne, par exemple, prend la tête des opérations en matière de défense aérienne en coopération avec la France. Le signal envoyé aux dirigeants russes doit être extrêmement clair : « Vous ne pouvez pas gagner cette guerre par l’usure. »
L’Allemagne en faveur de négociations pour l’adhésion de l’Ukraine et du Moldova à l’UE
La politique d’élargissement de l’Union européenne fait également partie de la stratégie « visant à défendre la paix en Europe », a déclaré Olaf Scholz.
Le gouvernement fédéral est résolument favorable à l’ouverture de négociations pour l’adhésion de l’Ukraine et du Moldova, comme l’a recommandé la Commission européenne. Le chemin emprunté par ces pays les conduit à intégrer « une Europe libre et unie en tant que nations européennes libres ».
Cela vaut aussi pour la Géorgie, qui doit obtenir le statut de candidat à l’adhésion, ainsi que pour les pays des Balkans occidentaux. C’est une occasion historique d’« ancrer fermement » la région en Europe. Cela sera bénéfique pour elle, mais aussi pour l’UE sur le plan géopolitique. En amont du Conseil européen, le chancelier fédéral participera au sommet UE-Balkans occidentaux à Bruxelles. L’objectif de cette rencontre est de renforcer les perspectives des Balkans occidentaux au sein de l’Union européenne et de mettre en avant le vaste soutien qu’elle leur apporte.
Le chancelier plaide pour plus de décisions à la majorité qualifiée
Au cours de sa déclaration de politique générale, le chancelier fédéral a en outre pris position pour plus de décisions à la majorité qualifiée, durant la procédure d’adhésion comme en politique étrangère et fiscale. Si l’on attend des réformes de la part des pays candidats à l’adhésion, « nous ne devons pas nous-mêmes rechigner à cette tâche », a affirmé Olaf Scholz.
Dans le cadre du Conseil européen, le chancelier souhaite parvenir à un accord, avec la contribution de la Commission, pour l’élaboration d’une feuille de route claire sur le processus de réforme d’ici à l’été prochain. La mise en œuvre devrait avoir lieu après les élections européennes. Olaf Scholz estime par ailleurs que les traités européens sont suffisamment souples et qu’une réforme n’est pas nécessaire ici.
La solution à deux États est et reste l’approche à adopter
Le Conseil européen évoquera également la situation en Israël. Pour le chancelier, la position de l’UE sur l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas en Israël a montré à quel point il peut être difficile de parvenir à un consensus européen sur certaines questions centrales de politique étrangère.
À l’issue de négociations longues et difficiles, le Conseil européen s’est mis d’accord sur le fait qu’Israël a le droit « de se défendre contre ces attaques terroristes atroces », a déclaré Olaf Scholz. Le gouvernement fédéral continue de s’engager pour que le Hamas libère immédiatement tous les otages. En parallèle, des trêves humanitaires sont indispensables pour pouvoir répondre aux besoins fondamentaux de la population de Gaza. Cette aide humanitaire est primordiale pour les civils en détresse, « elle doit pouvoir être livrée de manière fiable ».
Dans l’intervalle, les regards doivent se tourner vers le futur, lorsque les armes se seront tues. Pour le chancelier, l’Europe doit s’impliquer dans les discussions. Il faut selon lui un ordre qui apporte une protection fiable à la population israélienne et implique les pays de la région. Il convient en outre de renforcer la responsabilité politique de l’Autorité palestinienne à Gaza.
Cela ne sera possible qu’en adoptant une approche politique. « Cette approche est et reste la solution à deux États, dont nous devons nous rapprocher progressivement », a fait valoir le chancelier. Olaf Scholz souhaite inciter l’UE à travailler sur des scénarios post-conflit, comme le gouvernement fédéral le fait déjà dans le cadre de discussions à l’échelle internationale.
Réduction de la bureaucratie, gestion de la migration et réforme du pacte de stabilité et de croissance
À environ six mois des élections européennes, le chancelier a également profité de sa déclaration de politique générale pour exposer les priorités d’ici la fin de la présente législature de l’UE. L’adoption de la réforme de l’asile fait partie des sujets les plus urgents. « Nous avons besoin d’un accord avec le Parlement européen sur le régime d’asile européen commun. Pour l’Allemagne, cela constitue une grande priorité. » Le renforcement de la coopération avec les pays d’origine et de transit est également important. « Pour cela, il faut entre autres redonner un nouveau souffle à l’accord entre l’Union européenne et la Turquie », a expliqué Olaf Scholz.
Pour lui, il est également essentiel de réduire la bureaucratie et de trouver un compromis sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance. Après l’intense travail mené sur ce dossier par les ministres des Finances, Olaf Scholz s’est montré confiant quant au fait qu’un accord global sera bientôt obtenu.