Une confiance ébranlée

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Espionnage de données Une confiance ébranlée

Le gouvernement fédéral a obtenu des informations selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière pourrait être surveillé par les services secrets américains. Angela Merkel a affirmé : « Notre priorité absolue est de trouver une base pour l’avenir. »

Temps de lecture: 4 min.

La chancelière fédérale au cours de la conférence de presse

Angela Merkel : « L’Europe et les États-Unis sont des partenaires. La confiance et le respect doivent cependant constituer le fondement de ce partenariat. »

Photo : Bundesregierung/Bergmann

Depuis qu’il est question des activités des services de renseignement américains (National Security Agency, ou NSA), Angela Merkel a été à plusieurs reprises très claire vis-à-vis du président américain. « S’espionner entre amis, ça ne va pas du tout », a déclaré la chancelière fédérale avant le début du Conseil européen à Bruxelles. Elle s’est montrée choquée : « Nous sommes alliés, mais une telle alliance ne peut reposer que sur une confiance mutuelle. »

Mme Merkel a souligné que ce problème ne la concernait pas elle en premier lieu, mais toutes les citoyennes et tous les citoyens en Allemagne et dans l’ensemble de l’Union européenne (UE). Elle a ajouté qu’il était important de rétablir la confiance et de se demander : « De quoi avons-nous besoin ? Quel genre d’accord est nécessaire en matière de protection des données ? Quel niveau de transparence est souhaitable ? » En sa qualité de chancelière fédérale, elle a expliqué se sentir responsable des intérêts de ses concitoyens.

Mercredi encore, elle avait déclaré sans équivoque à Barack Obama, lors d’une conversation téléphonique avec le président des États-Unis, que si de telles pratiques étaient confirmées, elle les « désapprouverait catégoriquement » et les considérerait comme « totalement inacceptables ».

L’Allemagne et la France montrent l’exemple

La chancelière fédérale a annoncé jeudi en fin de soirée à Bruxelles que les chefs d’État et de gouvernement européens avaient eu une discussion très approfondie et très fructueuse au sujet de l’évolution de la situation. Elle a insisté : « L’Europe et les États-Unis sont des partenaires. La confiance et le respect doivent cependant constituer le fondement de ce partenariat. »

D’ici la fin de l’année, les dirigeants souhaitent élaborer un cadre de coopération entre les services de renseignement des États-Unis, de l’Allemagne et de la France. Ce sont l’Allemagne et la France qui ont lancé cette initiative. Désormais, les 28 pays membres de l’UE se sont accordés sur une ligne de communication commune.

La communication gouvernementale est sécurisée

Tout comme ses collègues du gouvernement fédéral, la chancelière fédérale Angela Merkel communique fréquemment à l’aide d’un téléphone portable. Selon le contexte, elle utilise différents appareils ; ainsi, l’un de ses téléphones portables est réservé à son travail en tant que présidente du parti. Pour toutes les communications importantes concernant les affaires de l’État sont utilisées des lignes de téléphone fixe protégées contre l’espionnage, dites « cryptées », et les appels passés lors de déplacements sont effectués sur des téléphones portables cryptés.

Le fait que les appareils non sécurisés « fassent davantage l’objet de mises sur écoute que les appareils cryptés n’est, logiquement, peut-être pas tout à fait dû au hasard », a souligné Angela Merkel à Bruxelles avant de préciser : « Cela signifie que toutes les communications importantes concernant les affaires de l’État sont effectuées à partir d’autres téléphones portables. »

De plus, Mme Merkel a fait remarquer qu’elle n’avait pas modifié ses habitudes de communication, car « [ses] conversations suivent une logique. C’est pourquoi je pense être cohérente de manière générale dans ce que je dis à mes interlocuteurs. »

Clarification complète et rapide

Le chef de la chancellerie fédérale, Ronald Pofalla, s’est exprimé jeudi à l’issue d’une session extraordinaire de l’organe de contrôle parlementaire en charge des services de renseignement. Il a expliqué « que depuis le début, toutes les possibilités dont nous disposons sur le plan politique, mais aussi dans le cadre du travail des services secrets, ont été mises en œuvre pour faire toute la lumière sur cette affaire. »

Cet été, des responsables allemands ont eu de nombreux entretiens aux États-Unis, a-t-il ajouté. Notamment, le ministre fédéral de l’Intérieur et les directeurs des services de renseignement allemands se sont rendus aux États-Unis pour rencontrer les services partenaires et obtenir des informations.

Au sujet des récents développements, M. Pofalla a déclaré : « Une toute nouvelle qualité serait obtenue, ce qui permettrait de considérer l’ensemble des déclarations faites par la NSA ces semaines passées au sujet des derniers mois sous un nouvel angle. » C’est pourquoi il réclame une clarification complète et rapide de tous ces nouveaux soupçons.

Le porte-parole adjoint du gouvernement fédéral Georg Streiter a ajouté vendredi que le ministre fédéral chargé de missions spéciales Ronald Pofalla, le président du service fédéral de renseignement (BND) Gerhard Schindler, et le président de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (BfV) Hans-Georg Maaßen feraient bientôt une nouvelle visite aux États-Unis. Au cours d’entretiens à la Maison Blanche et avec la NSA, ils devraient faire progresser la clarification des récents reproches et allégations.

Dissiper la consternation

Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a convoqué jeudi l’ambassadeur américain à Berlin, John. B. Emerson, au ministère fédéral des Affaires étrangères. En termes non équivoques, il lui a exposé la grande incompréhension du gouvernement fédéral face aux récents soupçons d'espionnage.

La mise sur écoute des partenaires les plus proches n’est en aucun cas acceptable. Cela consterne les Allemands au plus haut point. Cela ne se fait pas, a déclaré M. Westerwelle à la suite de cet entretien. Lorsque l’on se fait confiance, on ne s’espionne pas, et quiconque le fait malgré tout met en danger la relation.

Au nom du gouvernement fédéral, le ministre a demandé que la lumière soit faite complètement et honnêtement sur cette affaire, ajoutant qu’il fallait désormais « jouer cartes sur table ».