La foi est une incitation à agir

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Angela Merkel et Barack Obama au Deutscher Evangelischer Kirchentag La foi est une incitation à agir

L’incitation à agir dans la conscience de pouvoir commettre des erreurs : telle est pour la chancelière fédérale une pensée centrale de la foi chrétienne. L’une des priorités de la discussion avec l’ex-président des États-Unis Barack Obama a été le thème de l’intégration.

Temps de lecture: 7 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel discute avec Barack Obama à l’occasion du Deutscher Evangelischer Kirchentag

Thème du panel de discussion : « Engagiert Demokratie gestalten » (Façonner activement la démocratie)

Photo : Bundesregierung/Denzel

Mme Merkel a exprimé ses remerciements à tous ceux qui viennent en aide aux réfugiés et a plaidé pour une accélération des procédures d’asile.

Dès sept heures du matin - il est vrai, un jour férié - Elisa de Berlin-Steglitz se trouve avec son amie dans le tramway en direction de la porte de Brandebourg. Objectif : arriver à temps pour « voir Barack Obama au moins une fois ». Elle se dit très impatiente à la perspective de la discussion à laquelle vont participer l’ex-président des États-Unis et la chancelière. « Je trouve que chacun d’entre nous devrait prendre davantage de responsabilités », déclare la jeune Berlinoise. Et de citer le grand thème de ce panel de discussion autour de la démocratie : « Engagiert Demokratie gestalten » (Façonner activement la démocratie).

Deux stations plus loin, un groupe d’une dizaine de jeunes de tous âges, tous reconnaissables à leurs écharpes orange, monte dans la rame. Ils sont venus assister au grand rassemblement de base de protestants qu’est le Deutscher Evangelischer Kirchentag. À peine à l’intérieur, ils entonnent joyeusement « Über den Wolken » (Au-dessus des nuages), l’une des chansons bien connues de Reinhard Mey, connu en France sous le nom de Frédérik Mey. Très vite, la moitié du wagon se joint à eux, à plus ou moins haute voix. Peu avant onze heures, l’ambiance est également détendue devant la porte de Brandebourg. Des dizaines de milliers de personnes s’y trouvent déjà rassemblées. En dépit de l’affluence, tous semblent décontractés. Lorsque Barack Obama et Angela Merkel arrivent sur l’estrade, ils sont accueillis par des cris enthousiastes.

Martin Luther et Christophe Colomb

Pour commencer, la chancelière met en avant la particularité de ce Deutscher Evangelischer Kirchentag, grand rassemblement de base de protestants : l’on célèbre en effet les 500 ans de la Réforme. Sa deuxième particularité est la visite de Barack Obama. Faisant remarquer que les bonnes relations entre l’Europe et l’Amérique datent déjà de Christophe Colomb, contemporain de Martin Luther, la chancelière ne fait pas sourire seulement l’ex-président américain, mais aussi une grande partie de l’assemblée.

La discussion est animée par le président du Conseil de l’Église évangéliqueen Allemagne (EKD), l’évêque Heinrich Bedford-Strohm, et par la présidente du Deutscher Evangelischer Kirchentag (DEKT), Christina Aus der Au. La politique en matière de réfugiés représente un thème important. La chancelière évoque également le « dilemme » du hiatus entre l’empathie chrétienne et la realpolitik. Tout est toujours une question de « solutions adéquates », souligne-t-elle.

Merci à ceux qui aident les réfugiés

Angela Merkel loue l’engagement des nombreux professionnels et bénévoles qui apportent leur aide aux réfugiés en Allemagne. Ils font preuve de solidarité et illustrent la volonté d’accueil. « Et l’on peut leur en être reconnaissant », selon Mme Merkel. En tant que chancelière, la politique des réfugiés est pour elle l’un des sujets les plus difficiles. Si beaucoup de réfugiés peuvent être accueillis, certains autres ne peuvent pas rester en Allemagne. L’important aux yeux de la chancelière est que ces réfugiés ne soient pas envoyés dans des communes où des bénévoles sont susceptibles alors de devoir fournir un travail important qui en fait, dans ces cas-là, ne sert à rien.

Mme Merkel se dit favorable à la clarté et à des procédures d’asile accélérées. Les personnes non détentrices d’un titre de séjour doivent regagner plus rapidement leur pays d’origine, estime-t-elle. Il importe de ne pas susciter de faux espoirs. Et de pouvoir aider ceux qui « ont vraiment besoin de notre aide, car ils sont suffisamment nombreux dans le monde ».

Donner des chances aux populations dans leur pays d’origine

L’ex-président des États-Unis Barack Obama s’exprime lui aussi sur ce sujet. Il y a beaucoup de souffrance à travers le monde, mais un président ou un chef de gouvernement est responsable de son peuple. « Les réfugiés ont naturellement droit à la protection, mais nos ressources sont aussi limitées », souligne M. Obama. Il est essentiel de venir en aide aux populations dans leur pays d’origine, de leur donner sur place « davantage de chances ». L’aide au développement, la résolution des conflits et l’investissement dans la protection climatique sont autant de moyens qui y contribuent.

« Engagiert Demokratie gestalten: Zuhause und in der Welt Verantwortung übernehmen » (Façonner activement la démocratie : prendre nos responsabilités chez nous et à travers le monde), tel était le thème officiel du panel de discussion. Quatre jeunes y participaient aussi, dont deux originaires d’Allemagne et deux de Chicago (États-Unis).

La foi, une protection

Quand des responsables politiques échangent lors d’un Kirchentag, la question du rapport personnel à la foi ne doit bien sûr pas être oubliée. Angela Merkel dit concevoir la foi chrétienne comme une incitation à agir, à agir « en son âme et conscience ». La foi rappelle cependant aussi que l’erreur est humaine. Forte de cette conception, elle se sent « protégée » par la foi. Mme Merkel parle d’une « humilité qui permet aussi de voir les points forts chez les autres ».

Mme Merkel souligne : « Nous sommes appelés à la liberté. Mais chacun est appelé à la liberté. Et ma liberté n’est pas infinie, elle s’arrête là où commence celle des autres. » Indépendamment des croyances, l’essentiel est de respecter la dignité de tout un chacun. En ce sens, la chancelière fait référence à l’article 1 de la Loi fondamentale.

« Ne pas compter en mois, mais en années »

La chancelière illustre l’optimisme caractéristique du DEKT par un exemple tiré de sa propre expérience. En 1961, année de la construction du mur, alors qu’elle était écolière, elle n’avait soudain plus eu la possibilité de se rendre avec ses parents chez sa grand-mère. Berlin était une ville divisée. Malgré cela, dans les années qui ont suivi, il y a toujours eu des personnes pour donner du courage aux autres, comme par exemple les détenus de la prison de la Stasi à Bautzen, en Allemagne de l’Est. D’autres ont été raillés des décennies durant parce qu’ils croyaient à l’unité allemande. « Elle apourtant eu lieu », conclut la chancelière.

« Nous ne devons pas toujours compter uniquement en mois, mais aussi en années. » Elle-même réfléchissait déjà à l’époque de la RDA à la façon dont elle pourrait enfin visiter l’Amérique à l’âge de la retraite. En fait, « c’est arrivé plus tôt », constate-t-elle. Son message est donc de ne pas se laisser décourager par les obstacles ou les revers, mais au contraire d’essayer de se remémorer jour après jour ses propres objectifs et y croire.

Elisa, 17 ans, et les dizaines de milliers d’autres spectateurs applaudissent longtemps à la fin de la discussion. Cette table ronde a vraiment été un moment fort. Mais le rassemblement dure encore jusqu’à dimanche. Et la plupart des participants se mettent à présent en route pour Wittenberg.

Le 36e Deutscher Evangelischer Kirchentag 2017 est placé sous le signe du 50e anniversaire de la Réforme. Il se déroule pour la première fois en deux endroits : à Berlin et à Wittenberg. Ce grand rassemblement de base de protestants est fêté tous les deux ans dans une ville différente. Il réunit plus de 100 000 personnes de tous âges, de toutes croyances et de toutes origines. Le mot d’ordre de chaque rassemblement est la pensée phare qui définit le contenu de tous les préparatifs et événements. Tiré d’une citation de la Bible, il est choisi par la présidence. Le Deutscher Evangelischer Kirchentag de Berlin et Wittenberg a pour mot d’ordre « Tu me vois », tiré de la Genèse, chapitre 16, verset 13.

Si la majeure partie des événements se déroulent à Berlin, la plus grande fête a lieu à Wittenberg. Dimanche, des visiteurs du monde entier viendront célébrer aux portes de la ville les 500 ans de la Réforme, sur les rives de l’Elbe avec vue sur le château et l’église. Un office solennel viendra clôturer en apothéose le rassemblement berlinois, dans la gratitude pour les bienfaits de Dieu et pour un vivre-ensemble des confessions.