Le programme d'aide à la Grèce ne sera pas prolongé : après la décision prise par l'Eurogroupe, le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré que le gouvernement grec avait quitté la table des négociations.
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« Nous avons fait des efforts en prenant également en compte des points de vue très différents », a affirmé M. Schäuble samedi soir sur les ondes de la deuxième chaîne de télévision allemande (ZDF). Le ministre allemand a résumé ses impressions en quelques mots : « Et le fait qu'un gouvernement quitte alors soudainement la table des négociations n'est pas seulement déroutant mais également déprimant. » Auparavant, le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem avait déclaré, à l'issue des consultations à Bruxelles, que « le programme [prendrait fin] mardi soir ». Le gouvernement grec a rompu le processus de négociation, a-t-il ajouté. Par ailleurs, la Grèce a convoqué un référendum et appelé les électeurs à voter non.
Wolfgang Schäuble a également déclaré que « mardi soir, c'est mardi soir ». Cela n'est certainement pas une surprise pour le premier ministre grec Alexis Tsipras. Le ministre allemand est sceptique quant au référendum grec annoncé pour le 5 juillet. Il n'aurait servi à rien de reporter une décision vu que le gouvernement grec a recommandé de ne pas accepter la proposition européenne.
Il s'agit à présent de signifier avec d'autant plus de détermination « que la zone euro est stable ». L'euro jouit de la confiance de la communauté internationale. Toute méfiance à son égard a été surmontée. Lors de l'interview qu'il a accordée, M. Schäuble a déclaré : « L'euro ne fléchira pas, il restera fort, voire sera encore plus fort que jamais auparavant. » C'est pourquoi les ministres des Finances de la zone euro, à l'exception du ministre grec, se sont entretenus samedi soir avec des représentants de la Banque centrale européenne (BCE), de la Commission européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Pour ce qui est du budget fédéral, il n'y a pas de « risques imprévisibles », a souligné M. Schäuble.
Dans l'hebdomadaire « Welt am Sonntag », le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a parlé d'un « parcours en zigzag du gouvernement grec durant ces dernières heures et ces derniers jours », créant la stupéfaction générale. Il a dit ne pas comprendre comment un gouvernement grec élu peut recommander à son peuple de refuser la proposition européenne « et tenir ainsi en otage la population pour extorquer à l'Europe de nouvelles concessions. Nous ne pouvons pas faire le travail du gouvernement grec », a déclaré M. Steinmeier. Dimanche soir, sur la première chaîne de télévision allemande (ARD), ce dernier s'est dit « quelque peu stupéfait » par le comportement du gouvernement grec.
Lundi midi, à la Chancellerie fédérale, Angela Merkel rencontrera les présidents des partis et des groupes parlementaires pour discuter de la Grèce. Un point de presse est prévue à l'issue de la rencontre.
La chancelière s'était auparavant exprimée avec détermination en faveur d'une solution négociée. Au terme du premier jour du Conseil européen, elle avait déclaré vendredi matin : « La volonté politique des chefs d'État et de gouvernement présents, y compris concernant la Grèce, était sans équivoque. » Il ne s'agit pas d'octroyer de « nouveaux fonds » mais de boucler le deuxième plan d'aide à la Grèce. Mme Merkel a réaffirmé que les chefs d’État et de gouvernement ne voulaient pas s’immiscer dans les négociations. « C’est l’affaire des ministres des Finances, et des trois institutions avant tout », avait-t-elle déclaré dès le début des discussions.
Un programme de réforme et de rigueur conditionne le bouclage du deuxième plan d’aide à la Grèce et le versement de la dernière tranche de prêt à hauteur de 7,2 milliards d’euros. Pour que le parlement grec, puis le parlement allemand puissent voter le déblocage de cette somme, il faut que l’Eurogroupe ait donné son feu vert. À défaut d’un accord, ces crédits ne seront plus disponibles après l’expiration du plan d’aide le mardi 30 juin.
La prise d’une décision repose sur un accord entre la Grèce et les trois institutions portant sur des propositions de réformes. Si les représentants de la Banque centrale européenne (BCE), du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne jugent, après un examen approfondi, que les propositions soumises sont suffisantes, ils feront une recommandation en ce sens à l’Eurogroupe. Les ministres des Finances de l’Union européenne (UE) pourront alors décider de la viabilité du plan grec et prendre une décision.