Angela Merkel parle de la RDA avec des élèves

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Vingt-cinquième anniversaire de l’Unité allemande Angela Merkel parle de la RDA avec des élèves

« Quelles ont été vos expériences personnelles en Allemagne de l’Est, Madame la Chancelière ? » Cette question intéressait au plus haut point les élèves venus de sept Länder. Un entretien organisé à la Chancellerie fédérale leur a permis d’en savoir plus sur la vie quotidienne en République démocratique allemande.

Temps de lecture: 5 min.

Photo de groupe : Angela Merkel répondant aux questions des élèves

150 élèves, garçons et filles, venus de sept Länder, ont appris un tas de choses sur la RDA de la bouche de la chancelière Angela Merkel

Photo : Bundesregierung/Bergmann

Dans leurs écoles respectives, les jeunes avaient déjà rassemblé des premières « expériences personnelles » sur le sujet. Au cours des derniers mois, ils avaient en effet étudié différents aspects du quotidien en RDA, réalisé des projets et questionné des témoins de l’époque. Comme la chancelière en fait partie, ils étaient venus à la Chancellerie lui poser des questions à son tour.

Angela Merkel leur a donné des informations très personnelles sur sa vie en RDA. Elle leur a parlé de son enfance, de sa scolarité, de ses études et de la vie privée en Allemagne de l’Est. Elle leur a raconté que, dès l’enfance, il fallait faire attention à ce qu’on disait à l’école pour ne pas avoir d’ennuis.

Éducation politique dès la première année scolaire

Comment était l’enseignement en RDA ? Cette question intéressait bien entendu tout spécialement les jeunes lycéens. Pour voir concrètement comment se déroulaient les cours et le montrer aux autres, les jeunes d’un lycée avaient tourné une vidéo reproduisant un cours de musique. L’ambiance était stricte et tendue – et très politisée.

Même les cours de musique, une matière pourtant supposée neutre, étaient politisés, leur a raconté Mme Merkel. Le programme était en grande partie consacré à la musique prolétarienne et portait peu sur la musique classique. C’était la même chose pour les cours d’histoire. La période jusqu’en 1848 ne jouait pratiquement aucun rôle et ensuite il n’était toujours question que du mouvement ouvrier. « En mathématiques et en physique, cela allait mieux, c’était moins politisé », a expliqué la chancelière.

en allemand

Video Merkel diskutiert mit Schülern über die DDR

Pas d’études universitaires sans marxisme-léninisme

Mme Merkel a raconté qu’elle avait choisi plus tard d’étudier la physique car c’était une matière « qui n’était pas trop politiquement déformable ». Mais il lui a fallu bien entendu s’initier à la doctrine marxiste-léniniste, celle-ci faisant partie de chaque cursus et ayant une forte influence sur la note finale. La chancelière a dit aux jeunes avoir trouvé notamment incroyable le « socialisme scientifique », élément du marxisme-léninisme, et fait le constat suivant : « Quand on réfléchissait, on ne pouvait qu’en rire. »

L’un des élèves a raconté qu’ils avaient appris, en réalisant leurs projets, que seuls les jeunes Allemands de l’Est qui s’inscrivaient dans la ligne du parti étaient autorisés à faire des études. Mme Merkel l’a contredit. Ce n’était pas le cas, a-t-elle expliqué. En effet, elle-même vient d’une famille religieuse, son père était pasteur. Sa mère ne pouvait pas travailler car elle était professeur d’anglais et de latin et on redoutait qu’elle puisse éduquer les jeunes dans le sens du christianisme. Angela Merkel a néanmoins pu passer son baccalauréat et aller à l’université.

« Il fallait cependant faire certains compromis », a-t-elle poursuivi. Quelqu’un qui disait tous les jours le fond de sa pensée arrivait difficilement jusqu’au baccalauréat ou à l’université. L’incertitude commençait pour chacun dès qu’il exprimait ses opinions politiques en public, a reconnu la chancelière.

Le quotidien avant la politique

Mais la vie en RDA n’était pas seulement influencée par la politique, a relevé Mme Merkel. Le quotidien était également pesant puisqu’il fallait sans arrêt chercher où se procurer ceci ou cela. « La RDA était un incroyable pays de troc. » Des liens d’amitié ou des relations étaient noués parfois uniquement dans le but de se procurer certaines choses, des bottes d’hiver, par exemple, ou une perceuse. Bref, « il ne restait souvent pas beaucoup de temps pour la politique ».

La presse et la télévision sous contrôle

Les jeunes voulaient également savoir ce qu’il en était de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en RDA. À l’école, ils avaient fait un projet au cours duquel ils s’étaient rendu compte que les articles publiés dans les journaux est-allemands étaient largement utilisés comme propagande et embellissaient souvent les faits.

Tout ce que l’on pouvait lire dans les journaux ou voir à la télévision était réglementé et contrôlé, leur a confirmé la chancelière. Elle préférait pour cela aller en Pologne lire les journaux de l’Ouest, interdits en RDA. Elle récoltait aussi beaucoup d’informations en regardant la télévision de l’Ouest, que de nombreux habitants d’Allemagne de l’Est pouvaient capter, sauf dans la région de Dresde. La chancelière a ajouté qu’elle ne regardait pas le journal télévisé est-allemand « Aktuelle Kamera ». Elle a fait savoir aux jeunes qu’elle fréquentait beaucoup les milieux d’Église et qu’elle aimait aller là où elle pouvait entendre s’exprimer d’autres opinions.

La dictature recouvrait le tout

L’Allemagne de l’Est était une dictature, a dit clairement Mme Merkel. Il n’y avait pas de place pour l’épanouissement et les choix personnels. « On était en permanence pris dans un engrenage de surveillance. » C’est pourquoi il est important de reconnaître la valeur de la démocratie et de la liberté qui règnent aujourd’hui, a déclaré la chancelière en affirmant s’être réjouie de la chute du Mur et par ailleurs du fait que l’on ait rapidement progressé vers l’unité allemande.

Pour finir, la chancelière a remercié les jeunes pour leurs projets, qui leur ont permis de pénétrer dans un univers qui leur était inconnu jusqu’alors. Mais il est également important de regarder au-delà des frontières de l’Allemagne, a-t-elle souligné, car il s’y trouve encore aujourd’hui des hommes, des femmes et des enfants qui vivent comme en RDA ou dans des conditions pires encore en termes de liberté, « et ces personnes, il faut les aider », a conclu la chancelière.