La chancelière fédérale condamne avec la plus grande fermeté les violences xénophobes commises par des manifestants d’extrême droite à Heidenau (Saxe). « Ce climat agressif et xénophobe n’est en aucun cas acceptable », a-t-elle déclaré. Mme Merkel a prévu de se rendre à Heidenau demain (26 août).
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La chancelière fédérale Angela Merkel a condamné avec la plus grande fermeté les violences xénophobes commises à Heidenau (Saxe) par des manifestants d’extrême droite. « La manière dont des extrémistes de droite et des néonazis cherchent à diffuser leur message de haine creux est abjecte », a-t-elle constaté à Berlin, avant d’ajouter : « mais il est tout aussi honteux que des citoyennes et des citoyens, et même des familles avec leurs enfants, aient suivi le mouvement et se soient ainsi faits complices de la xénophobie ».
« L’Allemagne est un pays qui respecte la dignité de tous les êtres humains », a martelé Mme Merkel. « C’est ce que dit notre Loi fondamentale et cela s’applique à toute personne qui se trouve sur le sol allemand. » Chacun dans notre pays a le droit d’être traité avec décence et respect, qu’il soit autorisé à demeurer en Allemagne en tant que réfugié de guerre ou parce qu’il a des motifs pour demander l’asile, a-t-elle bien précisé.
La chancelière fédérale se rendra le mercredi 26 août à Heidenau pour se rendre compte sur place de la situation.
Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, avait fait remarquer dès lundi matin que la chancelière avait déjà lancé en début d’année un appel à ne pas suivre ceux dont « le cœur est rempli de préjugés, de froideur, voire de haine ».
« Qui se comporte comme les auteurs des violents troubles à Heidenau se place largement hors notre système de valeurs », a-t-il déclaré en attirant l’attention sur les conséquences de tels actes, à savoir « qui a recours à la violence contre la police sera poursuivi avec toute la rigueur de la loi ».
« L’Allemagne est un pays humain, un pays qui respecte la dignité humaine de chaque individu. » Le porte-parole a fait référence aux « innombrables citoyens » qui fournissent une aide bénévole ou dans le cadre de leurs activités professionnelles « à l’heure actuelle où tant de personnes venues du monde entier affluent dans notre pays ».
« L’Allemagne ne tolère pas que des migrants soient accueillis par des slogans haineux ou menacés par des braillards ivres », a-t-il poursuivi en insistant sur le fait que les réfugiés vivaient une « situation difficile ».
La chancelière fédérale et tout le gouvernement allemand s’emploient intensivement à coordonner les activités à tous les niveaux - Fédération, Länder et communes – afin de pouvoir se montrer à la hauteur des défis actuels. « Il y a déjà eu beaucoup de fait », a constaté M. Seibert.
Il a ensuite conclu en disant : « Des concertations intenses sont en cours entre la Fédération et les Länder. Angela Merkel a prévu de discuter de nouvelles actions avec les chefs des gouvernements des Länder avant la fin du mois de septembre. L’enjeu est considérable, mais nous y ferons face, avec modération, avec optimisme et surtout ensemble. »
Le ministre fédéral de l’Économie et de l’Énergie, Sigmar Gabriel, s’est rendu à Heidenau en tant que représentant du gouvernement fédéral après que des manifestants d’extrême droite aient semé le trouble ce week-end devant un centre d’accueil de migrants. Il a appelé à ne pas « laisser un millimètre à ce ramassis d’extrême droite » et bien insisté sur le fait que tous ceux qui hurlent des slogans et cherchent à mettre le feu ne méritent que ceci pour seule réponse : « Vous n’avez rien à voir avec nous. » Le ministre allemand a rappelé dans ce contexte que nul n’avait le droit de détourner les yeux.
Par ailleurs, M. Gabriel a déclaré que l’on pouvait compter sur l’appui de la Fédération. « En notre qualité de Fédération, nous devons maintenant faire et nous ferons le maximum pour permettre aux Länder d’avoir accès rapidement et sans complications aussi à nos immeubles, afin d’éviter que se créent des centres d’accueil provisoires qui ensuite s’éterniseront », a-t-il lancé.
Le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière, et le ministre fédéral de la Justice, Heiko Maas, avaient annoncé samedi dernier (22 août) des mesures sévères de l’État de droit. Après les heurts qui ont éclaté lors d’une manifestation contre l’ouverture d’un foyer pour réfugiés à Heidenau (Saxe), M. de Maizière avait déclaré que l’État de droit vigoureux n’admettrait aucune violence. Il avait annoncé à cette occasion une « tolérance zéro pour le racisme ».
En dépit des attaques de centres d’accueil de migrants par des éléments d’extrême droite, le ministre fédéral de l’Intérieur considère l’Allemagne également comme un pays qui fait preuve d’une grande solidarité et qui a une culture d’accueil des immigrés. « Nous devrions montrer à l’opinion publique allemande qu’en dépit de toutes les difficultés, il y a de très nombreux cas dans lesquels tout se passe bien », a-t-il constaté. M. Maas a visité mardi (25 août) le camp de premier accueil de Friedland, dans le sud de la Basse-Saxe.