Le sauvetage en mer était au cœur du sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l'UE. La chancelière fédérale Angela Merkel a elle aussi souligné à l'issue du sommet : « Le sauvetage de vies humaines était au centre de la discussion ; c'est cela qui nous a motivés aujourd'hui. »

Navires allemands pour l'opération Triton

Avant même le début de la rencontre, Mme Merkel avait déclaré : « L'enjeu est l'acceptation de l'Union européenne et de ses valeurs dans le monde entier, et c'est pourquoi il est si important que nous discutions de ce sujet aujourd'hui, en particulier dans le but de sauver des vies humaines. »

Les moyens financiers des missions européennes en Méditerranée Triton et Poséidon doivent être au minimum triplés en 2015 et 2016. Les chefs d'État et de gouvernement se sont accordés sur ce point. Mme Merkel a affirmé à Bruxelles que l'argent ne devait pas être une question face au sauvetage de vies humaines. Si les fonds alloués s'avéraient insuffisants, il faudrait alors délibérer à nouveau.

Afin de renforcer le sauvetage en mer, l'Allemagne va mettre à disposition deux navires qui doivent être dévolus à la mission Triton. D'autres pays européens ont présenté des offres similaires et souhaitent mettre à disposition des navires, des avions ou encore des experts.

Élaborer rapidement une feuille de route précise

À l'ouverture du sommet extraordinaire, les chefs d'État et de gouvernement ont rendu hommage aux victimes de la tragédie en Méditerranée. Il s'est agi, dans la discussion qui a suivi, de mettre sur pied une stratégie globale. Parmi les points inclus dans celle-ci :

• le renforcement du sauvetage en mer,
• la lutte contre les filières d'immigration clandestine,
• l'intensification de la coopération avec les pays de départ et de transit et
• une meilleure coordination en matière d'accueil des migrants en Europe.

Dès la semaine prochaine, l'UE présentera une feuille de route précise concernant la suite de sa mise en œuvre, dont découleront de nouvelles étapes. Cette feuille de route et sa réalisation seront ensuite à l'ordre du jour du prochain Conseil européen régulier qui aura lieu en juin.

Lutter contre le trafic des migrants

Angela Merkel a qualifié les filières d'immigration clandestine de « modèle commercial cynique ». Afin de priver celui-ci de ses racines, la possibilité doit par exemple être examinée de saisir et de détruire les bateaux utilisés par les passeurs pour le transport de migrants. La haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini a été priée de vérifier rapidement de quelle manière une procédure efficace peut être organisée en la matière dans le cadre du droit international.

Des mesures doivent en outre être prises afin de saisir les biens des passeurs et de mettre au jour leurs réseaux pour les démanteler. De plus, les autorités nationales des États membres de l'UE doivent coopérer efficacement avec les institutions européennes telles qu'Europol.

Coopérer avec les pays de départ et de transit

Les chefs d'État et de gouvernement ont également abordé des mesures visant à éliminer les causes de la fuite des migrants. Parmi celles-ci, il est question d'une coopération plus étroite avec les pays de départ et de transit. La chancelière fédérale a remarqué à ce sujet que « cela nécessitera bien sûr également des efforts supplémentaires dans la coopération au développement ».

L'UE veut intensifier sa coopération politique avec les partenaires africains à tous les niveaux. Une réunion de chefs d'État et de gouvernement entre l'Europe et l'Afrique est prévue. Malte s'est proposé pour accueillir ce sommet extraordinaire.

Solidarité dans l'accueil des réfugiés en Europe

Sur le fond, il faut également, selon la chancelière, réfléchir à « la façon dont nous allons développer notre régime d'asile à l'intérieur de l'Union européenne ». Il s'agit là d'un vaste processus qui doit être négocié étape par étape.

Le sommet a pour commencer décidé d'un projet pilote volontaire pour répartir les migrants dans toute l'UE. Les pays dans lesquels afflue un très grand nombre de migrants doivent être soulagés et soutenus dans le traitement des demandes d'asile et l'enregistrement des migrants. Des possibilités doivent être examinées d'organiser des transferts en cas d'urgence sur la base du volontariat entre tous les États membres.

Les chefs d'État et de gouvernement se sont appuyés sur les décisions prises lundi dernier (20 avril 2015) par les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de l'UE, qui s'étaient entendus sur un programme en dix points. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait convoqué d'urgence la réunion extraordinaire du Conseil européen sur la politique en matière de réfugiés.