Une « responsabilité perpétuelle » selon Angela Merkel

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« L'Art de l'Holocauste » à Berlin Une « responsabilité perpétuelle » selon Angela Merkel

Cent œuvres du mémorial Yad Vashem sont actuellement exposées au Musée de l'Histoire Allemande, à Berlin. Elles racontent la souffrance des personnes dans les ghettos ou les camps de concentration et l'esprit inflexible des artistes, dont beaucoup n'ont pas survécu à l'Holocauste.

Temps de lecture: 4 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel visite l'exposition « L'Art de l'Holocauste - 100 œuvres du mémorial Yad Vashem » au Musée de l'Histoire Allemande de Berlin

Angela Merkel à l'exposition « L'Art de l'Holocauste » : des images qui émeuvent profondément

Photo : Bundesregierung/Bergmann

Jamais auparavant autant d'œuvres de la collection du mémorial Yad Vashem n'avaient été réunies au sein d'une exposition, en dehors de Jérusalem. En tout sont présentées 100 œuvres d'art de 50 artistes qui ont été persécutés en tant que Juifs, enfermés et torturés dans des ghettos et camps de concentration. Beaucoup d'entre eux furent assassinés.

L'exposition offre une opportunité de se pencher sur le chapitre le plus horrible de l'histoire allemande ainsi qu'un accompagnement stimulant et qui pousse à la réflexion, a expliqué la chancelière fédérale Angela Merkel après sa visite de l'exposition.

Œuvrer de toutes nos forces pour le « Plus jamais ça ! »

« Le fait que ces œuvres racontent plus que ce dont nous avons peut-être conscience au premier abord, qu'elles nous interpellent également encore aujourd'hui et nous émeuvent au plus profond de notre cœur les rend d'autant plus précieuses », a souligné Mme Merkel. L'art permet de sentir un peu de la force et de la souffrance de ces êtres et de suivre ainsi également leurs traces en quelque sorte.

L'inauguration de l'exposition en amont de la Journée du souvenir des victimes du national-socialisme souligne le fait qu'un avenir serein ne peut être façonné que dans la conscience de cette responsabilité perpétuelle. « Chaque œuvre ici nous rappelle à sa façon propre l'importance de garder en mémoire pour toujours tout ce qui s'est passé, de conserver le souvenir des victimes et d'œuvrer de toutes nos forces pour le « Plus jamais ça !», a poursuivi la chancelière.

Porter le souvenir de la rupture civilisationnelle de la Shoah restera une responsabilité perpétuelle pour l'Allemagne, a-t-elle affirmé.

Projet de la coopération germano-israélienne

Dans son discours, Mme Merkel a également évoqué les cinquante ans de relations diplomatiques entre l'Allemagne et Israël. Elle a qualifié l'exposition de « projet exemplaire de la coopération germano-israélienne ».

C'est un miracle, compte tenu de l'histoire, que les deux pays soient désormais liés de manière aussi multiple, a expliqué la chancelière. « Et nous, Allemands, ne devons jamais oublier que cela relève de tout sauf de l'évidence mais qu'il s'agit au contraire d'un miracle. »

Des œuvres nées dans les camps et les ghettos

Derrière chaque œuvre d'art et chaque artiste de l'exposition se cachent des personnes et des destins, par exemple celui de Felix Nussbaum. Celui-ci était déjà un artiste reconnu lorsqu'en 1944 un dénonciateur révéla sa cachette à Bruxelles. Il fut alors déporté dans le camp de concentration d'Auschwitz, où il mourut six mois plus tard.

Il y a aussi Nelly Toll, qui, en 1943, alors âgée de huit ans, peignit le tableau « Mädchen im Feld ». À cette époque, elle se cachait avec sa mère dans le ghetto de Lvov, tentant de survivre dans un petit réduit chez une famille chrétienne. C'est en tant qu'unique survivante qu'elle a pris part à l'inauguration de cette exposition.

Ces artistes travaillèrent en secret dans des conditions inhumaines. Souvent, c'est au péril de leur vie qu'ils parviennent seulement à trouver le matériel nécessaire. C'est pourquoi de nombreux travaux virent le jour sur du papier, qui était plus facile à obtenir.

Exposition divisée en trois thèmes

Ces œuvres sont ici exposées selon trois angles. Le premier chapitre est consacré à la « Wirklichkeit » (« Réalité »). Il donne à voir des situations survenues lors de la déportation, le quotidien dans un camp ou encore un corps éreinté après la torture, témoignant des actes de cruauté et des humiliations subis dans le camp par les détenus.

Le deuxième volet rassemble des portraits : autoportraits mais surtout portraits des compagnons d'infortune. Il met en évidence le besoin qu'avaient les artistes de donner un visage à ceux qui étaient souvent voués à mourir et de conserver celui-ci pour la postérité, en tant que personne et non comme victime. « Transzendenz » est le titre du troisième volet de l'exposition. Les œuvres y racontent l'aspiration des détenus à une autre réalité et leur refuge dans le souvenir, l'imagination et la foi.

Témoins d'un esprit inflexible

Toutes les œuvres transmettent le vécu des artistes de façon très personnelle et émouvante. Elles témoignent en même temps, en tant qu'œuvres, d'une inébranlable force créatrice. « Chacune de ces œuvres est aussi bien un témoin vivant de l'Holocauste que l'affirmation d'un esprit humain inflexible », a déclaré Avner Shalev, président de Yad Vashem, qui a également pris part à l'inauguration.

L'exposition « L'Art de l'Holocauste – 100 œuvres du mémorial Yad Vashem » se tient jusqu'au 3 avril au Musée de l'Histoire Allemande. Elle a été montée à l'initiative du quotidien allemand « Bild » en coopération avec le Musée de l'Histoire Allemande, la fondation pour l'art et la culture de la ville de Bonn et le mémorial israélien Yad Vashem.