Olaf Scholz lors du Forum économique mondial
L’année écoulée a fondamentalement changé la donne pour l’Allemagne, et l’Allemagne elle-même a changé en profondeur. Elle peut se révéler mobile, allégée en formalités et rapide. Cette nouvelle rapidité est le mètre-étalon de la transformation de l’économie allemande, a souligné le chancelier fédéral Olaf Scholz lors du Forum économique mondial de Davos.
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« La coopération dans un monde plus fragmenté » est cette année la devise du Forum économique mondial. Les conséquences de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine ont fondamentalement changé la donne y compris pour l’Europe et l’Allemagne : augmentation des coûts de l’énergie et de production, inquiétude face à une résurgence mondiale du charbon et du pétrole, ainsi que nouvelles chaînes d’approvisionnement souvent plus chères.
Mais la Russie n’a pas seulement « complètement échoué » dans ses visées impérialistes belliqueuses. En l’espace de quelques mois, l’Allemagne s’est « rendue totalement indépendante du gaz russe, du pétrole russe et du charbon russe », selon le chancelier fédéral. Dans le même temps, tout le monde a compris que « très clairement, l’avenir sera[it] aux seules énergies renouvelables ».
La nouvelle rapidité de l’Allemagne
Afin que la République fédérale atteigne la neutralité climatique d’ici à 2045 tout en restant un pays à l’industrie forte, l’Allemagne s’attaque à la décarbonation de son industrie avec détermination. En un temps record, des infrastructures d’importation de gaz naturel liquéfié totalement nouvelles ont vu le jour, qui seront à l’avenir utilisables également pour l’hydrogène. Cela montre que « l’Allemagne peut se révéler mobile, allégée en formalités et rapide », a affirmé le chancelier fédéral. Cette nouvelle « rapidité de l’Allemagne » est le mètre-étalon de la transformation de l’ensemble de son économie. Le gouvernement fédéral a pour objectif un « boom de l’électrolyse » et une industrie s’appuyant sur l’hydrogène, « respectueuse du climat et indépendante des prix volatiles des énergies fossiles ».
Retrouvez ici le discours du chancelier à l’occasion du Forum économique mondial en vidéo (en anglais).
L’Allemagne conserve sa compétitivité
Comme l’a souligné le chancelier fédéral, l’Allemagne conservera sa compétitivité même avec des prix de l’énergie élevés, notamment dans le cas de « produits industriels hautement spécialisés requérant une recherche et une technologie intenses, et nécessaires partout dans le monde ». L’Allemagne offre un environnement unique de petites et moyennes entreprises extrêmement innovantes et capables de s’adapter, ainsi que de forts investissements publics et privés dans la recherche et le développement. Il existe en outre un « vaste consensus entre les entreprises, les travailleuses et travailleurs et le monde politique sur la voie vers la neutralité climatique qui n’est pas seulement nécessaire d’un point de vue écologique, mais offre aussi à notre pays de nouvelles opportunités de compétitivité à l’échelle mondiale ».
L’échange et les forums internationaux indispensables à un avenir climatiquement neutre
Il n’est bien sûr pas possible d’atteindre seul la neutralité climatique, a poursuivi le chancelier fédéral. L’Allemagne mise pour cela « sur le marché, sur la compétitivité et l’innovation ». Le système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne réduit les émissions de CO2 autorisées tout en accélérant les innovations. Afin de ne pas pénaliser « les plus ambitieux », un système d’ajustement carbone aux frontières est toutefois nécessaire au niveau européen. Dans le même temps, de nombreux accords de libre-échange déjà négociés montrent que l’Europe reste ouverte au commerce international.
Le Club climat international a lui aussi pour objectif d’« empêcher que les secteurs à fortes émissions s’expatrient vers des pays aux ambitions climatiques moindres ». Par ailleurs, les conditions d’investissement en Europe devraient encore s’améliorer. Quiconque souhaite « investir de manière durable et rentable dans l’avenir » est au bon endroit en Allemagne et en Europe.
Auparavant, le ministre fédéral de l’Économie Robert Habeck avait également réclamé à Davos davantage de « coopération mondiale ». Le thème du développement durable doit selon lui toujours entrer en ligne de compte. Si le ministre soutient les accords commerciaux bilatéraux, il estime cependant qu’il faut toujours rester fidèle à « l’idée des institutions multilatérales », telles que l’Organisation mondiale du commerce. Le ministre fédéral des Finances Christian Lindner, lui aussi présent à Davos, a également appelé à accroître les coopérations entre démocraties libérales.
Le Forum économique mondial (World Economic Forum - WEF) est une fondation reconnue d’utilité publique qui organise chaque année une rencontre à Davos. Celle-ci réunit des experts économiques, personnalités politiques, intellectuels et journalistes internationalement reconnus pour échanger sur les questions mondiales d’actualité.