L’endroit situé entre l’ancien fossé des fortifications et la Trave était bien rempli à cette occasion. Plus de 100 personnes attendaient le chancelier fédéral pour lui poser de nombreuses questions. Après les avoir saluées d’un « Moin, Moin », comme on le fait dans cette région du nord de l’Allemagne, le dialogue a commencé sans tarder. À ceux qui lui demandaient s’il dormait bien face à toutes ses responsabilités, Olaf Scholz a assuré que dans les périodes difficiles il était important de ne pas perdre pied, qu’il fallait éviter les erreurs et qu’il était essentiel que l’Allemagne œuvre avec ses partenaires pour préserver la paix et la sécurité en Europe.

Réforme du BAföG et billet à 9 euros

Les questions suivantes ont porté sur des thèmes sociaux. Selon le chancelier, la réforme du système de bourses versées par l’État au titre de la loi fédérale sur la promotion de l’éducation (BAföG) ou encore le billet de transport à 9 euros par mois vont permettre d’aider les étudiants. 30 milliards d’euros provenant de deux programmes d’allègement produisent peu à peu leurs effets. De plus, dans le cadre de l’Action concertée entre les responsables politiques, les entreprises et les syndicats, on réfléchit aux prochaines mesures destinées à protéger les plus défavorisés contre des charges trop lourdes, a expliqué Olaf Scholz.

Les 300 euros versés au titre de l’allocation énergie à toutes les personnes actives seront donc imposables afin d’assurer un maximum d’équité, les plus aisés ayant un taux d’imposition plus élevé.

Pour qu’un plus grand nombre de jeunes choisissent durablement le métier d’éducateur, le chancelier estime qu’il faut faire encore davantage, également au niveau des communes. Du moins la formation professionnelle doit-elle être gratuite pour les jeunes.

Le chancelier se réjouit de la proche taxation minimum des multinationales à l’échelle mondiale. Il ne manque plus que l’approbation d’un seul pays, a-t-il précisé.

Maternités, soins, professionnels

Une sage-femme s’est plainte du nombre insuffisant de maternités au Schleswig-Holstein ou de leur éloignement. Le chancelier a dit être conscient du problème et promis que le plan d’action pour ce secteur serait mis en œuvre. Il a assuré prendre la situation très au sérieux.

À Lübeck, les soins furent un sujet important, tant pour les citoyens que pour le chancelier. Ce dernier a déclaré avoir soutenu l’adoption d’un salaire minimum dans le domaine des soins. Les prestataires de soins aux personnes âgées bénéficieront progressivement de conventions collectives, a-t-il annoncé, ajoutant que cela serait contrôlé à la fin de l’année. Par ailleurs, des initiatives législatives ont été prises pour améliorer l’estimation des besoins en personnel. Pour les hôpitaux, cela existe déjà au-delà de la facturation forfaitaire. Par ailleurs, le ministre fédéral de la Santé se penche sur les problèmes des soins ambulatoires.

Afin de faire face à la pénurie de main-d’œuvre, il faut, en particulier dans l’artisanat, intervenir une seconde fois après la phase de décision en huitième ou neuvième classe car certains ne découvrent que plus tard leur intérêt pour ces métiers. Selon le chancelier, cette tâche incombe aux agences professionnelles. En outre, il est prévu de simplifier dès cette année les lois relatives à l’immigration de travailleurs qualifiés en provenance de l’Union européenne, mais aussi d’autres pays.

Retraites et inflation

Concernant les perspectives dans le domaine des retraites, Olaf Scholz a annoncé l’adoption pendant cette législature d’une loi assurant pour longtemps un niveau stable des retraites. Les retraités touchant une pension d’invalidité verront eux aussi leur situation s’améliorer : les nouveaux retraités bénéficieront d’une estimation de leur retraite comme s’ils avaient travaillé jusqu’à l’âge de la retraite. Et pour les retraités touchant depuis longtemps une telle pension, le gouvernement vient d’adopter une loi qui leur octroie un supplément.

Face à l’inquiétude manifestée par certains en lien avec l’agression de l’Ukraine par la Russie et la paix sociale dans le pays compte tenu des prix élevés, le chancelier a répondu qu’il fallait se montrer solidaires. Deux programmes d’allègement ont été lancés, a-t-il précisé, et l’Action concertée est en cours pour voir, petit à petit, ce qu’il s’agira de faire encore. « Nous voulons associer les citoyens », a-t-il rappelé.

Rail et centres-villes

Une femme a déclaré prendre plus souvent le train ces derniers temps mais déplore le manque de fiabilité du ferroviaire. Le chancelier a dit partager à ce sujet le point de vue du ministre des Transports quant à trois choses devant être faites rapidement : investir dans les infrastructures, créer les conditions nécessaires pour que les trains puissent se dépasser et renforcer la numérisation.

Par ailleurs, des fonds de soutien ont été débloqués afin que les centres-villes redeviennent plus animés, précisément en cette période post-Covid. Le chancelier en appelle à la créativité pour faciliter les achats en ville, même par rapport à la vente sur Internet, c’est-à-dire pour que l’on puisse concrètement voir des marchandises sur place, les commander et les retirer.

Remerciements aux citoyens turcs - et que faire contre la droite ?

Un participant a demandé au chancelier s’il avait un message à adresser aux citoyens turcs. La réponse d’Olaf Scholz : « Sans vous, nous ne bénéficierions pas aujourd’hui de cette prospérité. » À un écolier voulant savoir ce que le chancelier comptait faire pour lutter contre la droite, ce dernier a répondu que les autorités comme les services de protection de la Constitution étaient vigilants, puis ajouté que les ressources dédiées aux programmes de promotion de la démocratie avaient été augmentées et que la société tout entière devait s’impliquer car ce n’était pas la mission de l’État uniquement.

« C’était un bon dialogue », a résumé le chancelier. Certaines personnes ont même pris en souvenir une photo avec leur portable.

Le « KanzlerGESPRÄCH » est une série de dialogues citoyens organisés en présentiel dans tous les Länder. Le chancelier répond pendant 90 minutes aux questions des citoyens. Toutes les questions sont admises. Olaf Scholz veut en effet être informé de ce qui préoccupe ses compatriotes et de ce qu’ils attendent de la politique.