Angela Merkel défend une Europe ouverte et forte

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Déclaration de politique générale au Bundestag Angela Merkel défend une Europe ouverte et forte

La chancelière fédérale s'est prononcée en faveur d'une Europe forte et ouverte sur le monde. L'Europe ne doit jamais se refermer sur elle-même, ni se cloisonner, a-t-elle affirmé en faisant référence à la politique commerciale.

Temps de lecture: 9 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel prononce une déclaration de politique générale devant le Bundestag

Angela Merkel : Le Conseil européen a lieu à un moment qui exige de nous que nous prenions des décisions fondamentales concernant l'avenir de l'UE

Photo : Bundesregierung/Steins

Par ailleurs, l'Union européenne doit prendre davantage de responsabilités, en matière de sécurité par exemple. La chancelière fédérale a clairement condamné la comparaison avec le nazisme faite par les responsables turcs.

Au début de sa déclaration de politique générale, la chancelière fédérale Angela Merkel a évoqué une situation économique évoluant positivement au sein de l'Union européenne. « Cela est un exemple majeur de ce dont nous sommes capables, en tant qu'Union européenne, lorsque nous agissons ensemble », a commenté la chancelière. L'Europe peut être fière du mélange de compétitivité et de protection sociale qui fait sa spécificité et que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans cette même mesure. « L'économie sociale de marché telle que nous la connaissons en Allemagne est un modèle de réussite que beaucoup dans le monde nous envient », a souligné Mme Merkel.

Un regain de croissance en Europe

Elle a souligné que les perspectives de croissance pour l'Europe s'amélioraient également. Tous les États européens devraient retrouver cette année le chemin d'une croissance positive, et la tendance devrait se poursuivre dans les années à venir, estime la Commission européenne. Quant au chômage, il reste beaucoup trop élevé dans certains pays, notamment chez les jeunes, a déclaré la chancelière. Il ne faut en aucun cas s'en accommoder. « Mais le fait que le chômage, dans l'ensemble, soit revenu à son niveau le plus bas en Europe depuis 2009 devrait nous encourager », a ajouté Mme Merkel.

La situation des finances publiques et le volume des investissements ont également connu, de manière générale, une amélioration continue en dépit de la crise grecque. L'Allemagne tire profit de cette évolution. Car « ce n'est que si l'Europe va bien que l'Allemagne ira bien sur le long terme. C’est là quelque chose que nous ne devons jamais oublier », a rappelé la chancelière.

La mondialisation et la numérisation : une chance

Pour l'avenir, il est essentiel de saisir les opportunités que présentent la mondialisation et la numérisation. « Nous devons tout mettre en œuvre ensemble pour réaliser ensemble cette transition, et ce, sur la base de nos valeurs,mais également de nos propres intérêts bien compris », a déclaré Angela Merkel. Elle a plaidé en faveur d'une politique commerciale reposant sur le libre-échange. En tant que pays commercial, l'Allemagne est tout particulièrement tributaire d’un bon accès non seulement au marché unique européen mais également aux marchés mondiaux, afin de pouvoir faire face à la concurrence mondiale sans obstacles ni désavantages, a affirmé la chancelière.

Elle a expressément salué l'accord de libre-échange entre l'UE et le Canada (AECG - ou CETA pour l'acronyme anglais), approuvé par le Parlement européen, et plaidé en faveur de la signature d'accords avec d'autres pays.

Ne jamais se refermer sur soi ni se mettre en retrait

Angela Merkel a déclaré que, dans certaines parties du monde, les approches nationalistes et protectionnistes gagnaient du terrain. À ses yeux, il importe plus que jamais que l'Europe reste ouverte sur le monde, notamment et également dans les questions de politique commerciale. « L'Europe ne doit jamais se refermer sur elle-même, se cloisonner, ni se mettre en retrait », a-t-elle affirmé. La chancelière a, par ailleurs, appelé à regarder les différences régionales et les spécialisations économiques nationales comme une force. Les régions présentent des potentiels différents, dont chacun doit pouvoir s’épanouir pleinement. Les réglementations et barrières excessives doivent être supprimées.

Une meilleure coopération en matière de retour

La politique en matière de réfugiés et de migration constitue également un thème central du Conseil européen. Angela Merkel a souligné que des progrès étaient à noter dans ce domaine mais qu'il fallait travailler à des avancées supplémentaires. Elle a cité comme exemple le système d'asile européen qui doit être réformé, aller dans le sens de davantage de solidarité et surtout être capable de faire face aux crises. Par ailleurs, la chancelière appelle de ses vœux « une meilleure coopération en matière de retours au niveau européen ».

La situation des réfugiés dans les îles grecques et la mise en œuvre par la Grèce de l'accord sur les réfugiés avec la Turquie restent comme auparavant insatisfaisantes. L'on continue à déplorer chaque jour la perte de vies humaines en Méditerranée. C'est pourquoi « la lutte contre les passeurs et contre les rabatteurs doit demeurer une grande priorité. Leurs agissements sans scrupules et faisant fi de la dignité humaine doivent être empêchés », a souligné Mme Merkel.

La lutte contre les filières criminelles de passeurs, la protection nécessaire des frontières extérieures de l’UE et la lutte contre les causes d'exode sauvent des vies. Ces points se cachent, selon la chancelière, derrière l’idée de conclure des partenariats pour la migration avec les pays d'origine et de transit. Grâce à une étroite coopération avec ces pays, il est possible d’aider concrètement la population et de trouver une solution pour sortir durablement de cette situation insupportable pour beaucoup. Elle a cité par exemple les partenariats pour la migration avec le Niger et le Mali. Il est également essentiel de trouver une solution politique en Libye.

Angela Merkel plaide en faveur de l'accord entre l'UE et la Turquie

La chancelière a souligné les bons résultats de l'accord entre l'UE et la Turquie. Depuis son entrée en vigueur, le nombre de décès en mer Égée a très fortement diminué. Par ailleurs, les conditions de vie des réfugiés vivant en Turquie et des migrants vers la Jordanie et le Liban se sont améliorées.

Cependant, la solidarité européenne demeure insuffisante, en ce qui concerne la répartition des réfugiés par le biais de contingents volontaires, par exemple. C'est ce qui rend d'autant plus urgente la conclusion d'accords avec les pays de transit et d'origine. Ce n'est qu'au moyen de tels accords que l'on peut s'attaquer de manière efficace, c'est-à-dire vraiment durable, aux causes d'exode sur le terrain ou à proximité des personnes fuyant la terreur. Ces accords, comme celui ayant été conclu avec la Turquie, sont « dans l'intérêt de tous ».

« Profondes différences de vues » avec la Turquie

Cela vaut aussi pour la Turquie, selon la chancelière. L'Allemagne et la Turquie ont de nombreux intérêts en commun. Cela reste vrai, malgré les « profondes différences de vues » entre l'Union européenne et la Turquie, entre l'Allemagne et la Turquie.

Angela Merkel a qualifié de tristes et déprimants les propos par lesquels des membres du gouvernement turc et aussi le président turc avaient fait un rapprochement entre la République fédérale d'Allemagne et l'Allemagne nazie. « Cela est si déplacé qu'on ne peut même pas vraiment le commenter », a clairement affirmé Mme Merkel. Cela ne peut absolument pas être justifié, même par une campagne référendaire visant à introduire un système présidentiel en Turquie, a-t-elle dit.

« Les comparaisons avec l'Allemagne nazie doivent cesser »

« Ces comparaisons doivent cesser », a exigé la chancelière. Elles ne sont pas dignes de la densité du tissu des relations entre les deux peuples aux niveaux de la politique, de la société et de l'économie, et aussi en tant que partenaires au sein de l'OTAN. La chancelière a en outre assuré que le gouvernement fédéral allait continuer de s'engager « par tous les moyens en son pouvoir » afin que le journaliste allemand Deniz Yücel, actuellement incarcéré en Turquie, retrouve sa liberté.

Dans son discours, la chancelière s'est également adressée aux personnes vivant en Allemagne et ayant des racines turques, soulignant : « Vous faites partie de notre pays. » En tant que camarades de classe, collègues ou compagnons de sport, ces personnes contribuent à la prospérité et à la bonne cohabitation en Allemagne. « Nous voulons tout faire pour éviter que d'éventuels conflits au sein de la société turque n'affectent notre vivre-ensemble », a déclaré Mme Merkel.

Les relations avec les États-Unis sont « de la plus haute importance »

Dans sa déclaration de politique générale, Angela Merkel a aussi évoqué les relations transatlantiques avec les États-Unis. Elle s'est montrée convaincue que « le partenariat transatlantique, fondé sur nos valeurs et nos intérêts, est de la plus haute importance, pour nous tous, et pas seulement pour nous, Européens ». C'est dans cet esprit qu'elle mènera ses entretiens avec le président américain Donald Trump à Washington, le 14 mars, a-t-elle dit.

Justement parce que le caractère des relations est en train d'évoluer, l'Europe a décidé d'assumer, à l'avenir, davantage de responsabilité que par le passé. Dans ce contexte, Mme Merkel a évoqué la situation des pays des Balkans occidentaux, un autre thème à l'ordre du jour du Conseil européen. Les pays des Balkans occidentaux seront soutenus dans leur développement, mais l'on exigera aussi que les réformes y soient mises en œuvre, a-t-elle affirmé. Il est de l'intérêt de tous les États européens que, dans ces pays aussi, la prospérité, la démocratie et l'état de droit aillent de soi.

Davantage de responsabilité en matière de sécurité et de défense

L'Europe assumera aussi davantage de responsabilité dans la politique de sécurité et de défense. Cela aussi est un thème important à l'ordre du jour du Conseil européen. « L'Union européenne doit être en mesure d'assurer sa propre gestion de crise dans son voisinage et ce, non pas en concurrence avec l'OTAN, mais bien en la complétant », a déclaré Mme Merkel. Il faut plus que des améliorations financières, il faut également une meilleure collaboration structurelle entre les États membres de l'UE, a-t-elle ajouté.

Une Europe à plusieurs vitesses

La chancelière a plaidé en faveur d'une variété des formes de coopération au sein de l'UE. Il devrait pouvoir être possible d'aller de l'avant sur des questions importantes en Europe sans que tous les États soient obligés de participer, et sans qu'ils ne soient non plus durablement exclus d'une participation : « Nous devons pouvoir, en Europe, procéder aux nécessaires améliorations avec un haut niveau d’ambition sans mettre à chaque fois en danger la cohésion entre les États membres », a expliqué Mme Merkel. « Car les tâches qui nous incombent sont si vastes que l’Europe ne peut pas travailler en se basant toujours sur le plus petit dénominateur commun ».

La chancelière fédérale a conclu son discours en plaidant pour la poursuite de l'histoire d'une réussite qu'est l'Union européenne. Le 60e anniversaire des traités de Rome offre une occasion à l'Europe de montrer son attachement à ses propres valeurs et intérêts. Elle a terminé en rappelant le slogan qui avait été celui du 50e anniversaire de l'Union européenne : « Nous sommes unis pour le meilleur ».

Le Conseil européen a lieu jeudi et vendredi à Bruxelles. Les discussions porteront principalement sur la situation de l'économie européenne, la coopération de l'UE avec les pays africains en matière de politique migratoire et la coopération au sein de l'UE en matière de sécurité et de défense. Les participants poursuivront en outre le débat sur l'avenir de l'UE et prépareront une déclaration pour le 60e anniversaire de la signature des traités de Rome. La déclaration serait ensuite adoptée lors du sommet-anniversaire du 25 mars à Rome.