Déclaration de politique générale du chancelier fédéral
Le chancelier fédéral Olaf Scholz a abordé dans sa déclaration de politique générale la situation actuelle de l’Allemagne en matière de sécurité. Il a centré ses propos sur la sécurité intérieure, après la mort violente d’un policier à Mannheim, ainsi que sur les réponses du gouvernement fédéral.
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Dans sa déclaration de politique générale, le chancelier fédéral a clairement affirmé : « Quiconque s’en prend à notre liberté et trouble notre paix m’aura parmi ses adversaires les plus déterminés, ainsi que ce gouvernement fédéral et notre État de droit. »
Photo : Gouvernement fédéral/Steins
Dans sa déclaration de politique générale devant le Bundestag concernant des questions de sécurité d’actualité, le chancelier fédéral Olaf Scholz s’est consacré à trois thèmes en particulier :
- la sécurité intérieure, notamment dans le contexte de l’attaque mortelle à l’arme blanche à Mannheim
- les inondations en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg
- les conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine – y compris en Allemagne
Le chancelier a souligné que les citoyennes et citoyens voulaient savoir ce qu’il en est de la situation et surtout, ce qu’entreprend le gouvernement fédéral. Il a apporté des réponses dans sa déclaration de politique générale.
Au cours de la législature, le chancelier fédéral prononce des déclarations de politique générale sur des thèmes politiques d’actualité devant le Bundestag. Il le fait également à certaines occasions récurrentes, telles que les discussions budgétaires annuelles ou les Conseils européens. Chaque déclaration est suivie d’un débat.
Le chancelier a annoncé les mesures importantes qui suivent en matière de sécurité intérieure :
- À l’échelon fédéral, il doit y avoir possibilité de prévoir des zones interdites aux armes à feu et aux armes blanches, en particulier aux abords de secteurs sensibles et lors de grands événements.
- Le droit pénal doit être affiné de façon ciblée afin de punir plus sévèrement les attaques sournoises contre les forces de l’ordre.
- Il faut adapter les règles d’expulsion pour que le fait d’approuver des actes terroristes représente un intérêt d’expulsion grave.
- Les auteurs de faits les plus graves et les personnes représentant une menace terroriste doivent être expulsés même vers des pays comme la Syrie et l’Afghanistan. La ministre fédérale de l’Intérieur recherche des pistes légales et applicables en pratique en ce sens.
Pour en savoir plus sur la déclaration :
Dans sa déclaration de politique générale, le chancelier fédéral a évoqué d’emblée l’attente joyeuse du championnat d’Europe de football sur le territoire national. Cependant, de nombreux événements sont source de préoccupation pour la population comme pour le gouvernement fédéral, selon M. Scholz.
Celui-ci a affirmé que tout un chacun devait pouvoir vivre en Allemagne sans craindre ses semblables. C’est là, a-t-il ajouté, la promesse au cœur de notre État de droit. « Et nous mettons en œuvre cette promesse de toutes nos forces », a-t-il souligné.
Quiconque s’en prend à la liberté trouvera sur son chemin toute la puissance de l’État de droit
Selon Olaf Scholz, il n’existe pour qualifier l’attaque mortelle au couteau contre un jeune policier à Mannheim qu’un seul terme : terrorisme. « Nous déclarons la guerre au terrorisme », a martelé le chancelier fédéral. Quiconque s’en prend à notre liberté et trouble notre paix, a-t-il averti, « m’aura parmi ses adversaires les plus déterminés, ainsi que le gouvernement fédéral et notre État de droit ».
Le chancelier a exprimé à la famille du policier tué toute sa solidarité en ces heures difficiles. Il a rendu hommage à toutes les policières et policiers endeuillés, affirmant clairement : « Nous partageons votre émotion, nous vous soutenons, nous soutenons notre police. »
C’est pourquoi il est si important que le procureur général ait repris les investigations. À qui attaque lâchement les femmes et les hommes qui apportent leur aide et sauvent des vies, il faut « donner à ressentir toute la dureté de la loi ». Le droit pénal sera pour cela affiné de façon ciblée, afin de pouvoir punir plus durement de telles attaques sournoises.
Protéger notre vivre-ensemble démocratique
« La loi du plus fort n’a pas cours en Allemagne. Si quelqu’un voit les choses autrement, il aura de gros problèmes – avec notre police et notre justice », a prévenu le chancelier fédéral. C’est également une question de protection de la démocratie et du vivre-ensemble démocratique.
L’Allemagne n’a cessé de connaître, dans un passé récent, des attaques contre des responsables politiques, maires, conseillers ou présidents de conseil d’arrondissement. Le gouvernement fédéral est appelé à se pencher sur la manière de renforcer la protection des élus et de toute personne engagée en faveur de la démocratie. Une mesure consisterait à élargir systématiquement les périmètres des zones où les armes sont interdites, comme cela est déjà le cas, par exemple, dans les gares.
Inondations dans le sud de l’Allemagne
Dans sa déclaration, le chancelier fédéral a par ailleurs eu un mot pour les victimes des inondations que connaît actuellement le sud du pays. Il a dit espérer que les personnes disparues se trouvent vivantes quelque part et que la situation poursuive son retour à la normale. Le 3 juin 2024, le chancelier fédéral avait fait le déplacement dans la ville bavaroise de Reichertshofen, particulièrement touchée, pour se rendre concrètement compte de l’ampleur des inondations.
Des dizaines de milliers de membres des forces d’intervention s’activent en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg, auxquels s’ajoutent d’innombrables personnes venant spontanément leur prêter main forte. Olaf Scholz a remercié toutes celles et ceux qui poursuivent malgré l’épuisement et apportent leur soutien aux autres. La gestion de cette situation de crise dégage un puissant message de solidarité : « C’est cela, l’Allemagne. Nous sommes forts parce que nous sommes solidaires. »
La Fédération vient en aide aux Länder, arrondissements ruraux et communes touchés dans la mesure de ses possibilités – au moyen de l’Agence fédérale de secours technique (THW), de soldates et soldats de la Bundeswehr, de la police fédérale et de l’Office fédéral pour la protection des populations et l’assistance en cas de catastrophes. Les systèmes d’alerte et autres applications ont fonctionné, ce qui a permis de sauver des vies. Le chancelier a annoncé que l’on pouvait compter sur la pratique éprouvée de la solidarité pour éliminer les dégâts. « Dans l’adversité, nous nous serrons les coudes. C’est ce qui se fait. C’est cela, l’Allemagne », a déclaré Olaf Scholz.
Le changement climatique à l’origine des inondations
Le chancelier a souligné que le changement climatique induit par l’homme représentait le principal défi mondial. « Un défi qui a pour le gouvernement fédéral l’absolue priorité depuis le premier jour », a précisé M. Scholz. Le chancelier a renvoyé à la nécessité d’être mieux préparé à de telles catastrophes – sur l’ensemble du territoire. « Et c’est ce que nous faisons », a-t-il fait remarquer.
Les mesures prises par la Fédération sont notamment le programme national de protection contre les inondations, à travers lequel la Fédération soutient les Länder dans la protection et la prévention interrégionales face aux inondations. M. Scholz a par ailleurs cité la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’eau ainsi que du plan d’action pour la protection naturelle du climat. Le centre pour l’adaptation au changement climatique aide les communes à obtenir des fonds issus de programmes de soutien. Un cadre plus large pour la coopération entre Fédération, Länder et communes a été créé par la loi sur l’adaptation au changement climatique.
Soutenir l’Ukraine – empêcher l’escalade guerrière
Dans la dernière partie de sa déclaration de politique générale, le chancelier fédéral a abordé le thème de la sécurité extérieure. Un sujet qui préoccupe toujours de nombreux citoyens, au même titre que le gouvernement fédéral. La guerre d’agression russe contre l’Ukraine n’a pas seulement engendré de grandes souffrances pour la population ukrainienne, selon le chancelier. En Allemagne également, beaucoup redoutent que la guerre s’intensifie et menace éventuellement la sécurité et la paix dans le pays.
Le chancelier a assuré prendre au sérieux ces inquiétudes. « En tant que chancelier fédéral, je porte la responsabilité qu’aucun enfant qui naît actuellement en Allemagne ne connaisse jamais la guerre sur notre sol », a affirmé Olaf Scholz. C’est là la priorité absolue. « Assurer la paix ne veut pas dire hisser le drapeau blanc ni capituler devant la violence et l’injustice. La paix n’est pas synonyme de soumission. »
Le gouvernement fédéral ne permettra pas que la Russie repousse les frontières par la force. C’est pourquoi l’Allemagne continue résolument à soutenir l’Ukraine dans sa lutte défensive. Outre les livraisons d’armes à l’armée ukrainienne, l’Allemagne envisage aussi l’avenir en organisant une grande conférence internationale sur la reconstruction.
La conférence sur la paix en Suisse vise à émettre un signal d’unité
Le gouvernement fédéral avait récemment décidé que l’Ukraine pouvait aussi employer des armes allemandes pour se défendre face à l’agression des troupes russes depuis des positions directement mitoyennes de la frontière russe. L’Allemagne a pris cette décision à longue portée en étroite concertation avec ses partenaires, après avoir pesé tous les risques. « Je m’y engage, en tant que chancelier fédéral tenu à la paix et à la sécurité de l’Allemagne », a déclaré M. Scholz. « Sans sécurité, il n’est rien. » Là où la sécurité fait défaut, la peur grandit.
« La paix requiert la diplomatie », a insisté Olaf Scholz. Il a cependant tempéré les attentes concernant la conférence sur la paix qui se prépare en Suisse. « Il n’y aura toutefois pas de négociations de paix. Nous en sommes encore très loin, tant que la Russie croit atteindre ses objectif sur le champ de bataille. » Le sommet vise plutôt à envoyer un signal d’unité du monde quant à son engagement en faveur du droit international et de la Charte des Nations Unies. Selon Olaf Scholz, c’est à la Russie de retirer ses troupes afin de libérer la voie vers une paix juste.