« Il reste beaucoup à faire, mais l’absence de dialogue n’est pas une option »

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La chancelière Angela Merkel à Moscou « Il reste beaucoup à faire, mais l’absence de dialogue n’est pas une option »

Afghanistan, Ukraine, situation de la société civile : au cours de sa visite en Russie, la chancelière Angela Merkel a abordé de nombreux sujets actuels. Elle a également rendu hommage aux victimes de l’attaque menée par les troupes hitlériennes contre l’ancienne Union soviétique.

Temps de lecture: 5 min.

La chancelière Angela Merkel discute de politique étrangère en Russie

La chancelière Angela Merkel et le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine

Photo : Bundesregierung/ Bergmann

Au cours de son entretien avec le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, la chancelière fédérale Angela Merkel a abordé une multitude d’enjeux bilatéraux et internationaux. Les sujets de discussion sont allés des relations commerciales en développement aux questions de coopération bilatérale en passant par les possibilités pour les ONG de travailler en Russie. Concédant l’existence de différends à l’heure actuelle, la chancelière s’est dite « particulièrement heureuse que, malgré leurs désaccords, l’Allemagne et la Russie se parlent ».

Garder les canaux de communication ouverts

Pour Angela Merkel, il y a eu « des périodes extrêmement difficiles et de bons moments ». À ses yeux, les deux pays se sont éloignés politiquement au cours des dernières années. Pourtant, le bilan qu’elle tire de ses nombreuses rencontres politiques avec le président russe est le suivant : « Il reste beaucoup à faire, mais l’absence de dialogue n’est pas une option. » Parler, échanger des arguments « et s’attaquer encore et toujours aux problèmes difficiles » est un engagement permanent. La chancelière s’est toujours efforcée pour cela de garder les canaux de communication ouverts.

Il s’agit du premier déplacement d’Angela Merkel à Moscou depuis sa visite de travail en janvier 2020. La chancelière a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu dans le jardin Alexandre du Kremlin. Au nom de l’Allemagne, elle a ainsi rendu hommage aux victimes de l’attaque menée par les troupes hitlériennes le 22 juin 1941 contre l’ancienne Union soviétique.

Une priorité : l’Afghanistan

En raison de son évolution dramatique, la situation en Afghanistan a pris une place de premier plan dans la rencontre. Après la prise de pouvoir des islamistes talibans, il est désormais important d’empêcher que des actes de vengeance et des atrocités ne soient commis à l’encontre de la population civile, a déclaré la chancelière. Il serait en outre « très regrettable » que les progrès accomplis, par exemple en matière de soins et de système scolaire, soient anéantis. Aux yeux d’Angela Merkel, pour éviter cela, il est nécessaire d’agir ensemble conformément aux résolutions des Nations Unies.

En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Russie est un acteur incontournable pour la résolution politique du conflit. L’objectif est également d’empêcher une résurgence du terrorisme de l’« État islamique » (EI), a souligné Angela Merkel. Elle a rappelé l’attaque du World Trade Center du 11 septembre 2001 à New-York, qui est aussi à l’origine de l’intervention militaire menée par une vaste coalition d’États.

La société civile sous pression

La chancelière Angela Merkel a également condamné la situation désastreuse dans laquelle se trouve l’opposant Alexeï Navalny. Son incarcération dans une colonie pénitentiaire est « inacceptable » : celle-ci a en effet déjà été jugée illégale en 2017 par la Cour européenne des droits de l’homme. Les circonstances de l’empoisonnement de Navalny par une substance neurotoxique interdite il y a exactement un an sur le sol russe n’ont toujours pas été élucidées par les autorités judiciaires du pays. Angela Merkel demande donc sa libération immédiate.

En prévision des élections législatives russes de septembre, la chancelière a également déploré la situation difficile de la société civile. C’est pourquoi elle a « demandé instamment » à Vladimir Poutine de lever la quasi interdiction d’activité que représente l’inscription de trois ONG allemandes sur la liste des « organisations indésirables » en Russie. En cette « Année de l’Allemagne » et 30 ans après la chute de l’Union soviétique, permettre le travail des associations qui étaient à l’origine également actives dans le cadre du dialogue de Saint-Pétersbourg serait un « symbole fort » pour la diversité de la société et la participation à la démocratie, a fait valoir Angela Merkel auprès de son homologue russe.

Le conflit en Ukraine, un thème récurrent

Même si l’accord sur le maintien du cessez-le-feu scellé il y a un peu plus d’un an tient encore globalement, les progrès politiques réalisés dans les provinces séparatistes de Donetsk et Louhansk dans l’est de l’Ukraine, qui avaient abouti au protocole de Minsk en 2015 et avaient été réaffirmés lors du dernier sommet en format « Normandie », sont restés sans effet. C’est le constat qu’a dressé la chancelière devant le président russe. Pourtant, il serait urgent de les mettre en œuvre pour la pacification de l’est de l’Ukraine. C’est pourquoi la chancelière poursuivra ses efforts, « dans l’intérêt de la population », pour établir au cours des semaines à venir un ordre du jour pour un nouveau sommet dans ce format.

Selon Angela Merkel, il faut absolument éviter que cet « unique format à notre disposition pour discuter ensemble des sujets de discorde » ne débouche sur une « impasse ». Vladimir Poutine et elle sont convenus de la nécessité d’« entretenir » ce format. Dans ce contexte, la chancelière a de nouveau clairement indiqué que la position négative de l’Allemagne à l’égard de l’annexion illégale de la Crimée « [allait] de soi ».

Dans l’est de l’Ukraine, les questions de sécurité sont au premier plan, notamment pour l’organisation nécessaire des élections municipales. Les questions du retrait complet des troupes étrangères et du recouvrement de la souveraineté de l’Ukraine sur sa frontière orientale doivent également être réglées. Pour Angela Merkel, la Russie doit pour cela exercer son influence sur les séparatistes au plus vite. De son côté, la chancelière souhaite aboutir à des progrès dans ses discussions avec les dirigeants ukrainiens.

Sujets internationaux

Au cours de leur tête-à-tête, le président Vladimir Poutine et Angela Merkel ont également évoqué le sujet du Nord Stream 2. Ce projet « à caractère européen » est en cours de finalisation et devrait voir le jour, à la condition que le gazoduc transite toujours par l’Ukraine, a souligné Mme Merkel.  L’Allemagne plaide aussi pour une prolongation du contrat de livraison de gaz jusqu’en 2024. Les États-Unis l’avaient également demandé, et le nouveau représentant spécial du gouvernement fédéral Georg Graf Waldersee, en tant que médiateur expérimenté, travaillera donc en ce sens. « Nous nous sentons responsables », a en effet déclaré Angela Merkel à ce propos.

Concernant la situation à la frontière entre le Bélarus et la Lituanie, la chancelière a été claire : « Je condamne très fermement la manière dont Alexandre Loukachenko utilise des personnes comme armes hybrides. »

Dans le cadre des conflits en Libye et en Syrie, l’Allemagne et la Russie tentent de se mettre d’accord et de trouver des solutions, par exemple pour parvenir à un processus de retrait symétrique des troupes étrangères.