« Il n'y a pas d'alternative à des relations stables entre Moscou et Berlin »

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Visite de la cheffe de la diplomatie allemande en Ukraine et en Russie « Il n'y a pas d'alternative à des relations stables entre Moscou et Berlin »

Lors de sa visite en Ukraine et en Russie, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a souligné que l'Allemagne ferait tout pour garantir la sécurité de l'Ukraine et la sécurité en Europe. Elle a salué la volonté ferme de la Russie de nouer un dialogue axé sur la recherche de solutions dans le respect mutuel.

Temps de lecture: 5 min.

Photo de la ministre fédérale des Affaires étrangères à Moscou

En dépit de désaccords importants sur de nombreux sujets, l'Allemagne a un « intérêt fondamental à entretenir des relations stables avec la Russie », selon Mme Baerbock

Photo : picture alliance / photothek

« La Russie et l'Allemagne jouent toutes les deux un rôle essentiel dans notre Maison commune européenne. Nous vivons ensemble en paix depuis plus de 75 ans », a affirmé la ministre fédérale des Affaires étrangères mardi, lors d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou. Pour conserver l'ordre de paix européen, il est indispensable que des règles identiques et contraignantes, sur lesquelles tout le monde peut s'appuyer, s'appliquent à chacun, a-t-elle ajouté.

Parmi ces règles communes figure également la Convention européenne des droits de l’homme par laquelle tous les États se sont engagés à respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l'homme, a poursuivi la ministre. « Et sur cette toile de fond, nous pensons à l'affaire Navalny et à l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial, récemment interdite en Russie. »

En dépit de désaccords importants sur de nombreux sujets, l'Allemagne a un « intérêt fondamental à entretenir des relations stables avec la Russie », a insisté Mme Baerbock, et ce dans de nombreux domaines de la coopération, à savoir les sciences et la culture, le commerce et les investissements, les énergies renouvelables mais également la gestion de la crise climatique toujours plus palpable, y compris en Russie.

Revenir à la table des négociations

Se référant à la situation actuelle aux abords de la frontière russo-ukrainienne, Mme Baerbock a réaffirmé la volonté du gouvernement fédéral d'engager un dialogue sérieux sur des accords mutuels et des mesures pour apporter à tous en Europe plus de sécurité. « Nous avons également déjà commencé de discuter sur la forme que pourraient prendre de telles mesures pour davantage de sécurité commune. Les discussions au sein de l'OSCE et au Conseil OTAN-Russie ont été, de notre point de vue, une première étape constructive vers un tel dialogue », selon Mme Baerbock. Dans ce contexte, il ne sera pas dérogé aux principes fondamentaux de notre ordre de paix et de sécurité, a-t-elle ajouté.

Annalena Baerbock a salué la volonté ferme de la Russie de nouer un dialogue axé sur la recherche de solutions dans le respect mutuel, incluant la perspective de possibles rencontres à venir en format Normandie. La ministre a relevé qu'il était important, en vue d’une désescalade de la situation à la frontière russo-ukrainienne, de « relancer le processus de Normandie pour réussir à faire avancer la mise en œuvre des accords de Minsk ».

Relancer le format Normandie 

Le gouvernement fédéral œuvre pour relancer le format Normandie par lequel des efforts sont fournis, de concert avec la France, pour insuffler une force européenne allant dans le sens d’une désescalade. La ministre fédérale des Affaires étrangères en est convaincue : « Nous qui portons la responsabilité politique n'avons pas de devoir plus important que de protéger notre peuple, en particulier de la guerre et de la violence. » Et « nous pouvons y parvenir au mieux grâce à des pourparlers fructueux, non pas les uns contre les autres mais les uns avec les autres ».

« Solidarité avec l'Ukraine et son intégrité territoriale »

La veille, la ministre fédérale des Affaires étrangères avait déjà rencontré son homologue ukrainien Dmytro Kuleba et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. À cette occasion, elle avait souligné que la situation humanitaire dans la région du Donbass était affligeante. « Il est temps que de nouvelles avancées aient lieu pour la mise en œuvre des accords de Minsk », avait-t-elle déclaré. La diplomatie est à ses yeux la seule voie possible pour désamorcer la situation actuelle hautement dangereuse.

L'Allemagne est prête pour un dialogue sérieux 

À l'issue de sa rencontre avec Dmytro Kuleba, Mme Baerbock avait souligné que l'Allemagne était solidaire avec l'Ukraine. La ministre avait fait remarquer qu'au cours des dernières semaines, elle n'avait jamais autant parlé de sécurité pour un pays que ce n’était le cas pour l'Ukraine. « Et partout, notre message, que je souhaite réitérer aujourd'hui ici à Kiev, a été : la solidarité, la solidarité européenne pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. »

Mme Baerbock avait réaffirmé que « toute nouvelle agression » de la part de la Russie « se paierait cher ». Il s'agit là d'un engagement unanime de l'UE, du G7 et de l'OTAN. « Nous ferons tout pour garantir la sécurité de l'Ukraine et la sécurité en Europe », avait insisté la ministre.

L'Allemagne est prête à engager un dialogue sérieux sur ce qu'il est possible d'entreprendre pour parvenir à davantage de sécurité pour chacun en Europe, avait-t-elle ajouté. Il ne sera pas dérogé aux principes fondamentaux de l'Acte final d'Helsinki qui ont assuré la paix et la sécurité en Europe durant ces 50 dernières années. En font partie l'inviolabilité territoriale et le libre choix des alliances entre États ainsi que le non-recours à la menace de violence comme moyen politique. 

Soutien à l’Ukraine

Lors de sa visite à Kiev, la ministre fédérale des Affaires étrangères avait tenu tout particulièrement à faire remarquer que l'Ukraine ne serait pas mise à l'écart dans les efforts diplomatiques : « Nous ne menons pas de discussions sur l'Ukraine qui la mettent sur la touche », avait-t-elle déclaré. Elle avait par ailleurs proposé son soutien à l'Ukraine pour renforcer la cyber-résilience.

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock donne une conférence de presse à Kiev avec son homologue ukrainien Dmytro Kuleba.

La ministre fédérale des Affaires étrangères à Kiev : une visite qui s’effectue dans le contexte du 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Allemagne et l’Ukraine.

Photo : imago images/photothek/Janine Schmitz

À Kiev, la cheffe de la diplomatie allemande avait également rencontré des représentantes et des représentants allemands de la Mission spéciale d'observation de l'OSCE (MSO) et le représentant spécial de la présidente en exercice de l'OSCE en Ukraine et auprès du Groupe de contact trilatéral, Mikko Kinnunen. L'OSCE joue un rôle important dans l'observation de l'accord de cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine.

La contribution allemande à la sécurité de l'Ukraine prend des formes très variées. Ainsi, des soldats ukrainiens blessés sont soignés en Allemagne et celle-ci aide également l'Ukraine à construire un hôpital militaire, avait déclaré Mme Baerbock.