La Pologne et l’Allemagne sont liées, en tant que voisines, partenaires et amies, par « une histoire douloureuse et mouvementée ». C’est ce qu’a déclaré le chancelier fédéral Olaf Scholz lundi lors de la visite d’entrée en fonction du nouveau premier ministre polonais Donald Tusk à la Chancellerie fédérale à Berlin.

Le chancelier a rappelé l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie et la destruction de Varsovie, dont 2024 marque le 85^e anniversaire. Les souffrances infligées par les Allemands à leurs voisins polonais lors de cette guerre sont incommensurables. L’Allemagne est consciente de sa lourde culpabilité et de la mission qui en découle pour assurer un avenir commun dans la paix, a assuré Olaf Scholz. Il a clairement affirmé : « La responsabilité de notre histoire ne connaît pas de point final. »

La Russie menace la paix

La responsabilité allemande s’étend également, selon Olaf Scholz, à la défense de la paix et de la liberté en Europe. Le chancelier a tracé un parallèle avec la situation actuelle en matière de sécurité en Europe. Ainsi, le souhait d’une paix juste, de la stabilité et de la sécurité en Europe unit l’Allemagne et la Pologne. Cela vaut aujourd’hui plus que jamais, car la guerre russe en Ukraine menace la paix.

Importance de la solidarité

Les deux pays s’entendent, en tant que partenaires au sein de l’Union européenne et alliés au sein de l’OTAN, pour dire que « notre solidarité et notre action commune sont incontournables ». Se référant à son grand voisin de l’est, le chancelier fédéral a souligné : « La sécurité de la Pologne est aussi notre sécurité. Nous nous en sentons responsables. »

« Tous pour un, un pour tous »

La promesse de protection de l’OTAN s’applique sans restriction : « Tous pour un, un pour tous. » Il serait irresponsable et dangereux de relativiser la garantie d’assistance de l’OTAN. Personne n’a le droit de jouer avec la sécurité de l’Europe ou de la « négocier », a averti le chancelier.

L’Allemagne apporte une contribution essentielle à la sécurité européenne, notamment par sa présence et son engagement tout le long du flanc est de l’OTAN, a insisté Olaf Scholz. Il a annoncé que cet engagement au sein de l’OTAN serait encore renforcé. Cela va également de pair avec le soutien politique, militaire et financier à l’Ukraine. Depuis deux ans presque jour pour jour, celle-ci défend « inlassablement et héroïquement » son intégrité territoriale, a résumé M. Scholz.

Aide urgente de l’Europe et des États-Unis

L’Allemagne et la Pologne comptent parmi les principaux soutiens de l’Ukraine contre l’« agresseur impérialiste » russe, a relevé le chancelier, et ce soutien se poursuivra sur la base d’une coopération encore plus étroite – y compris au niveau européen.

Les 50 milliards d’euros d’aides financières adoptées au Conseil européen pour l’Ukraine d’ici 2027 sont un signal de haute importance. L’on espère désormais que le Congrès des États-Unis approuvera à son tour les fonds nécessaires.

Mesures de soutien militaires : l’Allemagne soutient l’Ukraine par des livraisons d’équipement et d’armes, qu’elles soient issues des stocks de la Bundeswehr ou fournies par l’industrie, financées par des fonds de l’aide au renforcement des capacités octroyée par le gouvernement fédéral. Vous en trouverez ici un aperçu.

Un nouvel élan pour le Triangle de Weimar

Le chancelier fédéral a incité à faire avancer la coopération y compris dans le cadre trilatéral avec la France et à conférer dans cette perspective un nouvel élan au format du « Triangle de Weimar » au niveau des chefs d’État et de gouvernement.

Olaf Scholz a également fait référence à la réunion des ministres des Affaires étrangères du Triangle de Weimar qui avait lieu ce même lundi en France. Objectif commun des trois pays : faire bientôt de l’élargissement de l’Union européenne à d’autres membres une réalité. L’Union européenne doit ressortir plus forte de cet élargissement, comme l’a souligné le chancelier. À cette fin, des réformes sont aussi nécessaires au sein de l’UE elle-même, afin de préserver sa capacité d’action.

Le « Triangle de Weimar » a été créé en 1991 à l’initiative du gouvernement fédéral. Le 28 août 1991, Hans-Dietrich Genscher, Roland Dumas et Krzysztof Skubiszewski, alors respectivement ministres des Affaires étrangères d’Allemagne, de France et de Pologne, s’étaient réunis pour la première fois dans ce format à Weimar, le jour anniversaire de la naissance du poète Johann Wolfgang von Goethe. Leur objectif : identifier les intérêts fondamentaux partagés pour l’avenir de l’Europe et développer la coopération transfrontalière.

Des relations économiques fortes

Le chancelier Olaf Scholz a qualifié les relations économiques entre la Pologne et l’Allemagne de « réussite ». Les échanges sont vivants et les chaînes de valeur fiables, ce qui se reflète notamment dans un volume d’échanges bilatéraux avoisinant les 170 milliards d’euros.

Après l’arrêt de l’approvisionnement en énergie depuis la Russie, consécutif à l’entrée en guerre, la Pologne a soutenu l’Allemagne dans sa recherche d’autres options afin de pouvoir maintenir la sécurité de son approvisionnement énergétique. « Je tiens à l’en remercier sincèrement », a affirmé M. Scholz.

Donald Tusk est né en 1957 à Gdansk. Président du Conseil européen de 2014 à 2019, il avait auparavant été président du Conseil des ministres de la République de Pologne de 2007 à 2014. Le 13 décembre 2023, il a été à nouveau élu chef du gouvernement polonais et c’est à ce titre qu’il était reçu lundi par le chancelier fédéral avec les honneurs militaires.