« Nous n’avons ni l’intention ni le droit d’oublier l’Afghanistan »

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Déclaration gouvernementale de la chancelière fédérale « Nous n’avons ni l’intention ni le droit d’oublier l’Afghanistan »

Terrible et amère, cette évolution est aussi une tragédie pour de nombreux Afghans, a indiqué la chancelière fédérale dans sa déclaration gouvernementale devant le Bundestag au sujet de la situation en Afghanistan. L’essentiel est maintenant de protéger les personnes vulnérables – par le pont aérien, mais aussi après. Mme Merkel a expliqué quelles sont les priorités actuelles.

Temps de lecture: 5 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel à la tribune de la salle des séances du Bundestag

Les priorités actuelles au vu de la situation en Afghanistan – La chancelière fédérale Angela Merkel lors de sa déclaration gouvernementale devant le Bundestag.

Photo : Bundesregierung / Denzel

La chancelière fédérale Angela Merkel a prononcé devant le Bundestag allemand une déclaration gouvernementale sur la situation actuelle en Afghanistan. Très rapidement après le retrait des troupes internationales, les talibans ont repris le contrôle du pays tout entier, semant le désespoir parmi la population et causant de nombreux drames humains.

Une évolution sous-estimée par la coalition internationale

Dans ce contexte, Mme Merkel a évoqué les 59 soldats allemands qui ont perdu la vie lors de leur mission en Afghanistan, ainsi que les hommes et les femmes, soldats ou fonctionnaires, qui resteront marqués à jamais.

« La rapidité vertigineuse » avec laquelle les forces de sécurité afghanes ont abandonné toute résistance face aux talibans a été sous-estimée, un processus encore accéléré par la fuite du gouvernement afghan. « De toute évidence, au sein de la coalition internationale, nous avons tous sous-estimé la rapidité de cette évolution. C’est aussi le cas de l’Allemagne », a souligné la chancelière.

L’Allemagne ne fait pas exception

L’évolution qu’a connue ces jours derniers la situation à l’aéroport de Kaboul est terrible et amère. Pour les Afghans qui ont défendu la cause de la liberté et de la sécurité dans leur propre pays, mais aussi pour les alliés qui, pendant 20 ans, ont lutté afin que le pays puisse connaître un avenir sûr.

Mme Merkel a insisté sur le fait que l’Allemagne ne faisait pas exception en Afghanistan : « Depuis 2001, nous agissons de concert avec nos alliés. C’est aussi le cas aujourd’hui dans le cadre des opérations d’évacuation. » Un pont aérien international commun a été mis en place afin de permettre l’évacuation d’Afghanistan des ressortissants étrangers, des recrutés locaux afghans et des membres particulièrement vulnérables de la société civile afghane. Les soldats de la Bundeswehr ont été parmi les premiers à entrer dans Kaboul pour y mettre en place le pont aérien.

La fin du pont aérien ne marque pas la fin de l’aide

Mme Merkel a indiqué que, à ce jour, plus de 4600 ressortissants de 45 nations ont été évacués d’Afghanistan, dans le cadre d’une mission internationale menée à Tachkent et Kaboul. « Nous continuons de tout mettre en œuvre pour aider les Afghans à quitter leur pays, en particulier ceux qui ont soutenu l’Allemagne en tant que personnel local de la Bundeswehr, de la police et de la coopération au développement, et qui se sont engagés en faveur d’un pays libre, sûr et porteur d’avenir », a précisé la chancelière.

La fin du pont aérien ne doit pas marquer la fin de l’aide aux Afghans. « C’est pourquoi, ces jours-ci, nous travaillons intensément, à tous les niveaux, afin de trouver des moyens pour continuer à protéger ceux qui nous ont aidés, en particulier en permettant une exploitation civile de l’aéroport de Kaboul », a déclaré Mme Merkel.

Des remerciements aux soldats, aux policiers et au personnel d’ambassade

La chancelière fédérale a remercié les militaires et les policiers en mission à Kaboul et Tachkent, de même que le personnel de l’ambassade d’Allemagne à Kaboul et les membres de la cellule de crise du gouvernement fédéral « pour leur investissement 24 heures sur 24 ». Elle a exprimé sa gratitude au gouvernement ouzbek qui a permis que Tachkent participe au pont aérien.

Le gouvernement fédéral continue de « tout mettre en œuvre pour aider ceux qui ont soutenu l’Allemagne en tant que personnel local à quitter le pays », a assuré la chancelière fédérale Angela Merkel. Elle a insisté sur le fait que, depuis 2013, l’Allemagne accueille de façon continue des recrutés locaux particulièrement menacés et leur famille, soit plus de 1000 personnes (plus de 4800 en comptant les proches) jusqu’en août de cette année. Depuis la décision des alliés de quitter l’Afghanistan, ils ont été au total 2500 à obtenir un visa dans le cadre d’une procédure accélérée. Depuis l’aggravation de la situation dans le pays, le visa n’est plus nécessaire, a-t-elle précisé.

Mme Merkel décrit un dilemme

« Si l’on avait aussi fait sortir les recrutés locaux du pays parallèlement au retrait de la Bundeswehr, on aurait peut-être donné l’impression d’abandonner la population afghane à son sort », a déclaré la chancelière fédérale pour expliquer la situation délicate. La coopération au développement devrait également se poursuivre après le retrait, afin de soutenir les Afghans même dans ces conditions difficiles. « Nous avions de très bonnes raisons de continuer à aider la population afghane après le retrait des troupes, au moins dans le cadre de la coopération au développement. »

L’Allemagne fournit une aide humanitaire

Il s’agit aussi maintenant de fournir une aide humanitaire aux Afghans, l’Allemagne apportant son soutien aux organisations internationales pour ce faire. Angela Merkel remercie les Nations Unies et les organisations internationales de poursuivre leur travail en Afghanistan. Le gouvernement fédéral a débloqué une aide immédiate de 100 millions d’euros, à laquelle viendront s’ajouter 500 millions, au profit de l’aide humanitaire en Afghanistan et pour soutenir les pays voisins accueillant des réfugiés.

Également des changements positifs

Mme Merkel a noté que ces 20 dernières années ont également apporté des changements positifs. Aucun attentat commandité par l’Afghanistan n’a plus été commis depuis 2001. La chancelière a rappelé que les attaques du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York avaient été planifiées depuis l’Afghanistan.

Par ailleurs, pour la population afghane, l’intervention alliée n’a pas été vaine. La mortalité infantile a été réduite de moitié depuis 2001. Près de 70 % des Afghans ont aujourd’hui accès à l’eau potable et plus de 90 % d’entre eux à l’électricité.

Tout l’enjeu consiste désormais à préserver ces acquis autant que faire se peut. « Ce sera difficile, mais nous devons essayer », a déclaré Mme Merkel. Cependant, il est actuellement indispensable d’interrompre dans un premier temps la coopération au développement avec l’Afghanistan.

L’importance de l’analyse – y compris avec nos partenaires de l’UE et de l’OTAN

Personne n’est aujourd’hui en mesure de dire de façon définitive pourquoi la stabilité à long terme est restée un objectif inatteignable en Afghanistan. Toutefois, pour les opérations extérieures en cours et à venir de la Bundeswehr, il est important d’analyser la situation : une analyse qui doit aussi impliquer nos partenaires de l’OTAN et de l’UE.

En conclusion, la chancelière fédérale a souligné : « En effet, même si cela ne semble pas réaliste en ces heures sombres, je suis et reste convaincue qu’aucune violence, aucune idéologie, ne pourra faire durablement obstacle à la soif de liberté, de justice et de paix de l’être humain.