« Réjouissons-nous de notre diversité »

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Cérémonie officielle à l’occasion de la Journée de l’unité allemande
« Réjouissons-nous de notre diversité »

Depuis 1990, « nous avons accompli un nombre incroyable de choses », a déclaré la chancelière fédérale Angela Merkel lors de la cérémonie officielle organisée à l’occasion de la Journée de l’unité allemande. En même temps, une majorité des Allemands des régions orientales se font encore l’effet d’être des « citoyens de seconde classe ». Selon Mme Merkel, la politique et la société doivent réfléchir aux raisons pour lesquelles beaucoup de gens ne perçoivent pas la réunification comme « une expérience uniquement positive ».

Temps de lecture: 4 min.

La chancelière Angela Merkel prononçant son discours à l’occasion de la Journée de l’unité allemande à Kiel

L’unité allemande demeure un processus, une « mission permanente », a souligné Angela Merkel lors de la cérémonie officielle à Kiel

Photo : Bundesregierung/Kugler

« Pour moi, l’unité allemande a débuté par un choc culturel », a dit la chancelière dans son discours à Kiel. Tout était prêt lorsqu’elle s’est mise, elle aussi, en route pour assister le 3 octobre 1990 aux célébrations qui se tenaient dans la Philharmonie à Berlin. « Tout le monde avait le cœur à la fête, mais soudain, à la joie s’est mêlée en moi un sentiment d’inquiétude, une espèce d’angoisse », raconte-t-elle. Ce sentiment était dû à la présence des policiers qui, hier encore au service de la police populaire de RDA, avaient, du jour au lendemain, « revêtu les uniformes de Berlin-Ouest ». Cela amène la chancelière à se demander dans son discours si l’on a suffisamment réfléchi à l’époque « au fait que l’individu ne peut pas mettre sa façon de penser, son ressenti et son expérience au vestiaire du jour au lendemain, et que peut-être il n’en a pas envie ? »

L’unité n’est pas un état acquis, mais une « mission permanente »

Pour Mme Merkel comme pour beaucoup d’autres, la chute du Mur et l’unité allemande ont été des « moments de bonheur, de confiance en l’avenir, d’ouverture au sens large du terme ». Mais chez d’autres, ces mêmes événements ont suscité la peur, la République démocratique allemande ayant été pour eux une structure sécurisante.

Même si les deux États allemands n’en font désormais plus qu’un, « l’unité des Allemands, leur union » n’est toujours pas parachevée : « Car l’unité allemande n’est pas un état acquis, atteint une fois pour toutes, mais un processus en devenir, une mission permanente, un processus qui concerne tous les Allemands, quel que soit le Land dans lequel ils vivent », a déclaré Mme Merkel.

Le 3 octobre est une invitation à se remémorer les mérites historiques de grands hommes d’État comme Willy Brandt, Helmut Kohl et Hans-Dietrich Genscher, et en même temps une invitation à nous accorder sur la manière dont nous entendons façonner l’avenir, a-t-elle poursuivi.

Pas de liberté individuelle sans responsabilité individuelle

La commémoration de la révolution pacifique en RDA est l’occasion de réfléchir de manière approfondie aux rapports actuels entre les citoyens et l’État. Étant donné que l’ex-Allemagne de l’Est ôtait à ses citoyennes et ses citoyens toute possibilité de faire leurs propres choix de vie, l’État servait à chacun « d’excuse presque parfaite à ses propres manquements ». Aujourd’hui encore, certains, à l’est comme à l’ouest, ont tendance à voir dans « l’État et ce que l’on appelle les élites » la cause première de leurs difficultés.

Une telle manière de pensée est funeste, a insisté Mme Merkel, car l’État libéral et démocratique « c’est nous tous », et la liberté individuelle « n’est jamais possible sans responsabilité individuelle ». En 1990, on pouvait tout juste imaginer que la prise de responsabilité signifiait également un « effort de liberté », ce qui est pourtant « l’essence de la démocratie », selon Mme Merkel.

Veiller à des conditions de vie égales et à une participation équitable

L’Allemagne actuelle est différente de ce qu’elle était en 1990, l’est et l’ouest se sont rapprochés, a fait remarquer la chancelière. Et pourtant, les conditions de vie ne sont toujours pas les mêmes, surtout – mais pas uniquement – entre les anciens et les nouveaux Länder. La politique a pour mission d’offrir à tous les citoyens une vie dans la liberté, mais elle doit par ailleurs veiller à des conditions de vie égales, à des possibilités de participation équitables et à de bonnes perspectives de développement personnel sur place.

« Pas de points communs sans compromis »

Pour qu’une démocratie soit vivante, il est nécessaire, selon Mme Merkel, de mener un débat « ouvert, vivant et controversé », en respectant les règles du jeu de la Loi fondamentale. En d’autres termes : « Oui à un libre débat, oui aux dures exigences », et d’un autre côté : « Non à l’intolérance, non à l’exclusion, non à la haine et à l’antisémitisme ».

Toujours selon la chancelière, il est essentiel pour assurer un avenir de qualité que les échanges portant sur les craintes et les préoccupations des citoyens se fassent dans le respect mutuel, et toujours dans un esprit de compromis, car « sans compromis, il n’y a pas de points communs. Or l’enjeu actuel consiste à parvenir à l’émergence de points communs, à l’unité, au droit et à la liberté dans notre pays. »

L’essentiel, selon Mme Merkel, est de prendre conscience les uns des autres, de s’écouter mutuellement, d’apprendre des expériences différentes « afin de construire avec créativité notre avenir commun ». La chancelière conclut en disant qu’il est donc tout à fait approprié de célébrer l’unité allemande par une fête colorée et de se réjouir « de la diversité de notre pays ».