La chancelière fédérale Angela Merkel au Bundestag

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Chancelière MERKEL : Il faut que nous parlions. Car le nombre d’infections augmente et ce que l’on appelle le taux d’incidence hebdomadaire dépasse de plus en plus fréquemment 50 cas positifs pour 100 000 habitants.

C’est précisément la raison des décisions prises hier lors de la conférence des Ministres-présidents des Länder. Notre ordre fédéral est solide : il représente même l’un des plus grands atouts de notre pays, y compris dans la lutte contre la pandémie de Covid‑19. C’est pourquoi il est toujours aussi pertinent d’appliquer toutes les mesures de manière régionale et spécifique. Fort de sa capacité d'adaptation et de son caractère dynamique, notre ordre fédéral est idéal à cet égard.

Mais, je le dis aussi, cela ne suffit pas. Parce que toutes les règles, les règlements, oui, toutes les mesures ne servent pas à grand‑chose si elles ne sont pas acceptées et respectées par les individus. C’est pour cela que nous devons en parler, dans le cercle familial, avec nos amis, avec nos collègues, dans les crèches et les écoles, dans les maisons de retraite et les établissements de soins, avec nos voisins, dans les communautés religieuses, les clubs de football ou à la chorale. Nous devons en parler, expliquer, nous devons faire passer le message dans les lieux publics, d’abord ici au parlement bien sûr, mais aussi dans les communes, dans les médias sociaux. Et nous devons en parler avec des mots qui touchent le plus grand nombre. Pour cela, je vous demande votre aide.

Car nous devons prendre au sérieux cette situation, qui se dégrade à nouveau. Nous devons tous expliquer les risques et nous devons faire prendre conscience que la mauvaise saison constituera une période difficile. Je suis fermement convaincue que les sociétés qui sortiront les plus stables de cette crise sont celles qui appellent les risques par leur nom, de manière ouverte et transparente, qui considèrent que la vérité peut être entendue et qui trouvent un équilibre entre des orientations politiques et l’acceptation et la participation de la société civile.

Nous voyons actuellement que la vigilance décroît, que tous ont envie de proximité, de contact, de communauté, de festivité avec leur famille et leurs amis ou dans des lieux publics, une simple envie de légèreté. J’éprouve aussi ce sentiment ; je ne suis pas différente des autres. À la conférence de presse fédérale d’été, un journaliste m’a demandé – c’était la dernière question de la conférence – ce que je trouvais le plus pénible à titre personnel, ce qui manquait le plus à la « personne Angela Merkel », pour reprendre ses mots, en ce moment. J’ai répondu : les rencontres impromptues, parce qu’on se demande constamment si son propre comportement est approprié. C’est cette spontanéité des rencontres qui me manque le plus. C’est comme ça. Je crois que nous aimerions tous retrouver cette spontanéité, cette insouciance. Nous souhaitons tous retrouver notre vie telle que nous la connaissions, et naturellement c’est un désir particulièrement vif pour les jeunes gens de notre pays.

Mais nous sommes en train de mettre en péril tout ce que nous avons obtenu au cours des derniers mois.

Nous devons empêcher d’en arriver au point où plane la menace de nouvelles limitations à l’échelle du pays, du retour de grands chocs économiques et émotionnels, risquer qu’une personne en fin de vie, à l’hôpital ou dans un établissement de soins, soit abandonnée à sa solitude parce que ses proches ne peuvent pas prendre sa main pour lui dire adieu.

Si je m’exprime ici aujourd’hui, c’est parce que je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher un nouveau confinement national. Je le dis ici parce que je veux absolument protéger les entreprises et les emplois, parce que je veux voir les enfants et les jeunes dans les crèches et à l’école. Nous avons bien vu tout le poids des contraintes, comme elles frappent les plus défavorisés, comme elles renforcent les inégalités existantes. Nous voulons que l’économie se redresse. Nous voulons que les artistes puissent se produire et jouer à nouveau. Nous voulons que les enfants et les petits-enfants puissent voir leurs parents et leurs grands‑parents. Nous voulons donc tous empêcher un deuxième confinement à l’échelle nationale. Et nous le pouvons. Nous sommes mieux à même de nous protéger qu’en mars, nous comme le système de santé. Nous avons beaucoup appris pendant la pandémie et nous continuons à apprendre jour après jour. Mais maintenant, nous devons de nouveau faire preuve de vigilance, et pour cela, nous avons besoin de vous, citoyennes et citoyens, de votre aide active, de votre engagement et de votre empathie.

Même si cela semble contradictoire, il reste malheureusement impossible, aujourd’hui, de célébrer la famille et l’amitié dans une ambiance festive. La proximité, la camaraderie, l’affection, la simple joie de vivre appellent encore une autre forme d’expression, qui nous est étrangère. Elles demandent une distanciation qui exprime le soin.

Je remercie tous les citoyennes et citoyens pour ce qu’ils ont déjà permis par leur prudence et leur considération. Je remercie chacun et chacune, dans les Länder, dans les communes, les éducatrices et les éducateurs, les enseignantes et enseignants, les médecins, les aides-soignantes et aides-soignants dans les hôpitaux et les EHPAD, les gérants de restaurants, les personnels de vol et du chemin de fer ; il m’est impossible de tous les citer. Je remercie tous ceux qui ont aidé à surmonter cette crise historique et continuent à le faire.

Mais c’est une épreuve de longue haleine. Nous ne sommes pas au bout de la pandémie. L’automne et l’hiver qui nous attendent seront une période difficile. C’est pourquoi je souhaite lancer un appel. Mon appel s’adresse à tous et toutes. Respectez les règles qui doivent continuer à s’appliquer dans les temps prochains. De nouveau, prenons tous davantage soin les uns des autres, nous qui sommes citoyennes et citoyens de cette société. Rappelons‑nous mutuellement que la distanciation, le port d’un masque de protection, le lavage régulier des mains, l’aération des pièces et l’utilisation de l’application Corona-Warn-App ne protègent pas seulement les personnes plus âgées, pas seulement les personnes dites à risque, mais notre société libre et ouverte dans son ensemble.

Je suis sûre que cette expérience historique nous fera grandir en tant que communauté et que tout ce qui nous pèse nous soudera plus étroitement. Je suis sûre que la vie, telle que nous la connaissions, reviendra. Il y aura de nouvelles fêtes de famille, les clubs, les théâtres, les stades de football seront de nouveau remplis. Et quelle joie ce sera alors ! Mais, maintenant, nous devons montrer aujourd’hui que nous continuerons à être patients et raisonnables et que nous sauverons ainsi des vies. Nous devons maintenant saisir que cela dépendra de chacun et chacune d’entre nous. Je vous le demande.

Et je vous remercie.