Notre responsabilité historique envers l’Union européenne

  • Page d'accueil
  • Le gouvernement fédéral

  • Actualités

  • Service

  • Médiathèque

Déclaration gouvernementale au sujet du « Brexit » Notre responsabilité historique envers l’Union européenne

Au lendemain du référendum britannique sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, la chancelière fédérale Angela Merkel a appelé les 27 autres pays de l’UE à la cohésion. Toute proposition susceptible de sortir de cette crise l’UE à 27 est la bienvenue.

Temps de lecture: 7 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel pendant son discours

Le Royaume-Uni reste un partenaire important pour l'Union européenne et l'Allemagne, selon la chancelière

Photo : Bundesregierung/Steins

Les forces centrifuges ne doivent pas être renforcées. « L’UE est assez forte pour surmonter la sortie du Royaume-Uni », a déclaré la chancelière fédérale.

Devant les députés allemands, la chancelière fédérale Angela Merkel a une nouvelle fois regretté la décision des électeurs britanniques de quitter l’Union européenne, tout en rappelant avec véhémence « notre responsabilité historique envers l’Europe ». Dans sa déclaration gouvernementale au sujet du référendum britannique sur la sortie du Royaume-Uni, la chancelière fédérale s’est montrée confiante que l’UE saurait gérer « ce tournant pour l’Europe et pour le processus d’unification européenne ». « Nous n’avons pas besoin de plus ou de moins d’Europe. Pour l’heure, ce qui prime, c’est une Europe qui réussisse », a-t-elle réaffirmé dans le même temps.

La chancelière fédérale a appelé les 27 États membres restants à la cohésion « Toute proposition susceptible de sortir de cette crise l’UE à 27 est la bienvenue. Toute proposition qui renforcerait les forces centrifuges qui mettent déjà l’Europe à rude épreuve, en revanche, aurait des conséquences imprévisibles pour nous tous. Elle accroîtrait la division de l’Europe. » Angela Merkel a insisté : « Je m’engagerai de toutes mes forces, tout comme l’ensemble du gouvernement fédéral, pour empêcher cela ». La chancelière estime qu’il y a de bonnes chances d’y parvenir.

La marche à suivre après le référendum britannique

Au début de sa déclaration gouvernementale prononcée mardi devant le Bundestag allemand, Mme Merkel a déclaré que l’Europe avait déjà surmonté nombre de crises et de défis. Une situation semblable à ce que vit actuellement l’UE ne s’était cependant jamais présentée depuis la signature des Traités de Rome il y a près de 60 ans. Il est désormais d’autant plus important de délibérer de la suite du processus. La chancelière fédérale a également évoqué le Conseil européen qui se réunit mardi et mercredi. Cinq jours après le référendum, la marche à suivre est à présent plus claire :

Premièrement : les conséquences dépendront de « la volonté et de la capacité » des 27 autres États membres à analyser la situation avec calme et circonspection pour prendre ensemble les bonnes décisions.

La balle est dans le camp du Royaume-Uni

Deuxièmement : c’est au Royaume-Uni qu’il revient maintenant d’exposer la manière dont il envisage ses relations futures avec l’Union européenne. L’article 50 du traité de Lisbonne fournit la base pour ce faire, a souligné Angela Merkel. Conformément à ces dispositions, le pays désirant sortir de l’UE doit tout d’abord notifier officiellement son intention au Conseil européen. Ensuite, les autres États membres pourront déterminer la ligne directrice des négociations. « Ce n’est qu’ensuite que pourront débuter les négociations, pas avant – qu’elles soient formelles ou informelles », a insisté la chancelière fédérale. Pendant toute la durée des négociations, le Royaume-Uni demeurera membre de l’UE, avec tous les droits et tous les devoirs que cela implique pour les deux parties, a précisé Angela Merkel.

Tout État membre peut décider de se retirer volontairement de l’Union européenne. La procédure est régie par l’article 50 du Traité sur l’Union européenne. Conformément à ces dispositions, le Royaume-Uni devra tout d’abord notifier son intention au Conseil européen. Ensuite, l’UE négociera et conclura avec le Royaume-Uni un accord fixant les modalités de son retrait et le cadre de ses relations futures avec l’Union européenne. À partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification (ce délai pouvant être prorogé), les traités européens cesseront d’être applicables au Royaume-Uni.

Troisièmement : dans ce contexte, l’Allemagne et l’UE entendent conserver une relation étroite et amicale avec la Grande-Bretagne. Les négociations sur le retrait du Royaume-Uni ne doivent pas remettre en cause les acquis de l’UE. L’Allemagne s’engagera tout particulièrement en faveur des intérêts des citoyens allemands et des entreprises allemandes. Il est notamment essentiel de garantir la sécurité des ressortissants allemands résidant au Royaume-Uni.

Pas de négociations à la carte

Quatrièmement : « Nous nous assurerons de fermer la porte à toute négociation d'un statut à la carte », a déclaré Angela Merkel. Il doit y avoir une différence sensible selon qu'un État désire ou non être membre de l'UE, a-t-elle plaidé. Qui veut quitter l'UE ne peut pas s'attendre à voir ses devoirs disparaître et ses privilèges maintenus. Et la chancelière de se faire plus précise encore : « Qui veut, par exemple, avoir librement accès au marché intérieur européen doit accepter en contrepartie les libertés fondamentales européennes, ainsi que les autres règles et devoirs qui y sont associés ». Cela s'applique tout autant au Royaume-Uni qu'à tous les autres pays.

Les populations doivent pouvoir s'identifier à l'Europe

Cinquièmement : la question qui se pose maintenant n'est pas de savoir si nous avons besoin de plus ou de moins d’Europe, mais d'œuvrer pour une « Europe qui réussisse », selon la chancelière. « Et une Europe qui réussit, c’est une Europe à laquelle les citoyens peuvent participer, à laquelle ils peuvent s’identifier et une Europe qui améliore significativement leur vie ». Pour l'heure, c'est ce qui prime, a déclaré la chancelière. C'est une tâche qui incombe aux institutions de l'Union européenne comme aux pays membres. « Une Europe qui réussit, c'est une Europe qui respecte ses traités et ses promesses. Nous sommes loin d'y être toujours parvenus par le passé. »

Dans le traité de Lisbonne, la promesse de favoriser la croissance économique, la prospérité et l'emploi a été faite aux Européens. À présent, il est important de prendre un nouveau départ pour renforcer la compétitivité de l'Europe. Concrètement, cela implique par exemple de s'attaquer au problème du chômage des jeunes. La chancelière s'est montrée convaincue que « c’est la seule manière de faire en sorte que beaucoup de gens abandonneront leurs doutes fondamentaux sur le bien-fondé du processus d’unification européenne ».

L'UE était un projet de paix

Sixièmement : « Nous devons inscrire les conclusions du référendum au Royaume-Uni dans la conscience historique : la construction européenne était un projet de paix. Les pères fondateurs ont trouvé le chemin menant à la paix et à la réconciliation. Actuellement, le monde est un « monde d'incertitudes ». Des guerres et des conflits se jouent « à nos portes ». L'on est face à des défis relevant de la sécurité extérieure et intérieure que personne ne peut enlever aux Européens. C'est pourquoi toute l'attention portée au référendum britannique ne doit pas nous faire perdre de vue la situation des réfugiés syriens ou celle des réfugiés iraquiens par exemple. L'accord UE-Turquie prend effet mais il n'est pas encore entièrement mis en œuvre.

« Nous n'avons pas d'autre choix que d'agir ensemble pour s'acquitter des nombreuses tâches qui nous incombent ». La chancelière a mentionné, parmi ces tâches, les flux migratoires à l'échelle mondiale, le changement climatique, la lutte contre la faim et le terrorisme international. C'est la raison pour laquelle il est important de garantir le bon fonctionnement de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) en association avec les partenaires transatlantiques. Ces défis sont trop grands pour que des pays puissent les résoudre seuls.

Défendre les valeurs de l'Europe

L’Allemagne a un intérêt tout particulier à faire en sorte que l’unification européenne réussisse. Avec la France, l'Allemagne endosse la responsabilité historique de conserver et de protéger les acquis de l'unification européenne. « Et nous assumons cette responsabilité », a déclaré Angela Merkel. C'est pourquoi la chancelière a rencontré lundi le président français, François Hollande, et le président du Conseil italien, Matteo Renzi, afin de convenir de la prochaine marche à suivre. Il faut continuer de développer l'Union européenne, a souligné Mme Merkel. L'objectif doit être d'arriver à un résultat commun quant à la réforme de l'Union européenne, au plus tard pour le 60e anniversaire de la signature des Traités de Rome, en mars 2017.

« Nous pouvons être fiers de nos valeurs européennes communes, à savoir la liberté, la démocratie et l'état de droit. Et nous pouvons être fiers de notre modèle de société unique que beaucoup de personnes dans le monde nous envient et que nous devons mettre en avant face à la concurrence mondiale », a déclaré Mme Merkel. « L’UE est assez forte pour surmonter la sortie du Royaume-Uni, elle est assez forte pour continuer d'aller de l'avant, y compris à 27, a-t-elle souligné. Elle est assez forte pour à l'avenir continuer de défendre ses intérêts dans le monde », a insisté la chancelière au terme de sa déclaration gouvernementale.