Le Bundestag se prononce en faveur d'une intervention en Syrie

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Lutte contre la milice terroriste de l'EI Le Bundestag se prononce en faveur d'une intervention en Syrie

Le Bundestag a approuvé à une large majorité l'intervention de la Bundeswehr contre le groupe État islamique. Jusqu'à 1 200 soldats de l'armée allemande soutiendront la coalition internationale contre la milice terroriste.

Temps de lecture: 6 min.

Prise de vue aérienne d'un Tornado

En plus d'une frégate et de ravitailleurs, des avions de reconnaissance Tornado doivent également être déployés

Photo : Bundeswehr/Ingo Bicker

Le Bundestag a donné son feu vert à l'intervention de la Bundeswehr en Syrie. C'est à une large majorité que les députés ont donné leur aval à l'envoi d'un maximum de 1 200 soldats de la Bundeswehr. Ils viendront renforcer la coalition internationale contre la milice terroriste de l'État islamique.

L'intervention militaire n'est « pas une fin en soi », selon Ursula von der Leyen

Lors d'une conférence de presse tenue jeudi avec l'inspecteur général de la Bundeswehr Volker Wieker, la ministre fédérale de la Défense Ursula von der Leyen a rappelé les raisons de l'engagement de l'Allemagne : « Les attentats de Paris ont montré que nous devons faire preuve, à tous les niveaux, d'encore plus de détermination et de cohérence dans la lutte contre l'EI. »

« Je tiens à souligner très clairement, une fois de plus, que les moyens militaires ne sont pas une fin en soi, mais qu'ils s'inscrivent toujours, évidemment, dans un concept global, en particulier dans un concept politique », a insisté la ministre.

Faire avancer le processus politique

C'est précisément ce concept politique que Mme von der Leyen a placé au centre de l'ensemble des activités contre l'EI : « Nous avons à présent réussi à mettre en route le processus de Vienne, qui réunit autour d'une table tous ceux qui ont été initialement actifs en Syrie, poussés par divers intérêts. » La ministre a mentionné notamment, en tant qu'acteurs des négociations de paix, les États-Unis, l'Europe, la Russie, la Turquie, l'Iran et l'Arabie saoudite. « Ce processus de Vienne est le principal processus politique au sein duquel s'inscrit le combat militaire contre l'EI. »

Questionnée sur l'objectif des opérations militaires, la ministre a indiqué que celles-ci étaient étroitement liées à la résolution 2249 de l'ONU. Celle-ci fournit aussi le cadre afin de « lutter contre l'EI, l'endiguer, détruire ses refuges et lui enlever la possibilité de mener des opérations terroristes dans le monde entier. Cela est également formulé clairement et de manière plus détaillée dans cette résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies et constitue à nos yeux l'objectif de cette opération militaire qui s'inscrit dans un vaste concept. »

La durée de l'intervention dépendra des progrès politiques

Mme von der Leyen avait déjà déclaré mercredi, à l'émission Morgenmagazin sur la première chaîne de télévision allemande ARD, que l'intervention serait de longue durée. « Et il s'agira d'une mission difficile et dangereuse. Nous ne nous faisons pas d'illusions à ce sujet. » La durée exacte de l'intervention est impossible à prévoir, a-t-elle ajouté. Elle dépendra du déroulement « du processus politique dans lequel s'inscrivent les opérations militaires », selon la ministre.

La ministre de la Défense a également expliqué que les nécessaires concertations entre les partenaires ainsi que la stratégie de commandement avaient été clairement définies. « Nous faisons partie d'une coalition contre le terrorisme. Les États-Unis assurent le haut commandement depuis Tampa, en Floride. À celui-ci vient s'ajouter une vaste structure internationale. »

La ministre a ajouté qu'il y avait des « règles très claires » en ce qui concerne la manière dont les données seront recueillies par voie aérienne et la manière dont elles seront partagées. Seul un groupe très restreint de pays pourront y avoir accès, soit ceux qui font partie de l'opération en Syrie. Mais ce sont des pays que nous connaissons bien, comme la Belgique, la France, l'Italie, le Danemark, pour n'en citer que quelques-uns. »

À la question de la participation de la Russie, elle a renvoyé à un « accord entre les États-Unis et la Russie, au niveau technique, c'est-à-dire le niveau le plus bas, déterminant qui vole où, afin d'éviter des incidents non souhaités dans l'espace aérien. »

Nécessité d’une solution politique selon Frank-Walter Steinmeier

Mardi, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier avait réaffirmé dans le journal télévisé « Tagesthemen » qu'une solution politique était finalement nécessaire pour mettre fin au conflit en Syrie et assurer l'avenir du pays. Selon M. Steinmeier, il s'agit maintenant de permettre l'entrée dans un processus politique, à savoir avec la Russie, les États-Unis d'Amérique, les Européens et les pays voisins de la Syrie, en intégrant également l'Iran et l'Arabie saoudite.

En outre, il faut dans un deuxième temps réunir l'opposition en Syrie pour « discuter avec elle de la question de savoir si elle peut envisager un cessez-le-feu limité ». Cela serait lié à l'objectif de parvenir à ce que les « forces de l'opposition et du gouvernement ne se déchirent pas » mais qu'elles se concentrent plutôt sur la lutte contre l'État islamique (EI).

Reconnaissance, protection et logistique

Mardi, le conseil des ministres fédéral a donné son feu vert pour une intervention de l'armée allemande en Syrie. Jusqu'à 1 200 soldats allemands doivent contribuer à mettre un terme aux agissements terroristes de l'EI. L'Allemagne veut mettre à disposition des composantes de reconnaissance, de protection et de logistique. Outre la reconnaissance par satellite, des avions Tornado permettront d'obtenir une image plus précise de la situation. Il sera ainsi également possible de détecter les mouvements transfrontaliers et de reconnaître la véritable dimension de la zone d'opérations et d'influence.

Par ailleurs, il est prévu que l'Allemagne fournisse un avion de ravitaillement en vol, une frégate protégeant le porte-avions français et du personnel dans les états-majors et les quartiers généraux.

La Bundeswehr vient en aide à l'armée française au Mali

Outre la lutte contre le terrorisme de l'EI, l'Allemagne veut également prêter main-forte aux forces armées françaises en renforçant son engagement au Mali. Jusqu'à 650 soldats de la Bundeswehr doivent être déployés dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Par ailleurs, du personnel médical de la Bundeswehr est mis à disposition pour soulager les autorités françaises en France en cas d'urgence.

En plus de s'engager militairement, l'Allemagne élargira également son soutien civil et humanitaire en Syrie, en Iraq et dans les pays voisins de la Syrie afin de venir en aide aux réfugiés, aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et à la population dans les communautés d'accueil.

Prochaines étapes pour la mise en œuvre du mandat

Concernant le déploiement des Tornado et du ravitailleur, le porte-parole du ministère fédéral de la Défense M. Flosdorff a confirmé que la base aérienne d'Incirlik, en Turquie, serait utilisée à cet effet. « Toutefois, la mission de reconnaissance des Tornado ne pourra débuter qu'une fois les conditions infrastructurelles et techniques réunies. »

Pour commencer, il est prévu de déployer six Tornado. Il se peut que d'autres bases militaires soient incluses par la suite dans le mandat, a indiqué le porte-parole du ministère fédéral de la Défense.

Sur le plan du droit international, le soutien de l'Allemagne à la France, à l'Iraq et à la coalition internationale dans leur lutte contre l'EI s'appuie sur le droit de légitime défense collective reconnu à chaque État par l'article 51 de la Charte des Nations Unies et sur les résolutions 2170 (2014), 2199 (2015) et 2249 (2015) du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Il s'inscrit par ailleurs dans le cadre du devoir d'aide et d'assistance mutuelles des États membres de l'Union européenne aux termes de l'article 42, alinéa 7 du Traité de l'Union européenne. La participation de l'Allemagne s'effectue dans le cadre et selon les règles du système de sécurité mutuelle et collective visé à l'article 24, alinéa 2 de la Loi fondamentale.