Consultations intergouvernementales germano-chinoises
Les septièmes consultations intergouvernementales s’inscrivaient sous le thème « Agir durablement ensemble ». Le chancelier fédéral Olaf Scholz et les ministres fédéraux ont rencontré le premier ministre Li Qiang et sa délégation à Berlin pour un échange de vues qui portait sur les opportunités de coopération, les défis mondiaux, l’économie et le commerce.
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Photo de groupe à la Chancellerie fédérale : lors des consultations intergouvernementales germano-chinoises, le chancelier a mis l’accent sur le resserrement de la coopération dans la lutte contre le changement climatique, un phénomène planétaire qui ne s’arrête pas aux frontières des États.
Photo : Gouvernement fédéral/Steins
Lors de la rencontre commune avec la presse organisée à l’issue de la réunion plénière à la Chancellerie fédérale, Olaf Scholz a souhaité la bienvenue à son homologue chinois Li Qiang et souligné : « Le dialogue direct, les entretiens personnels et un véritable échange, voilà qui est encore plus important que d’ordinaire dans cette période hors du commun où les défis et les crises s’accumulent à l’échelle mondiale. » En effet, tout cela contribue à une meilleure compréhension mutuelle et permet d’aborder au cours de discussions directes des questions sur lesquelles les points de vue diffèrent ou divergent. « Poursuivons le dialogue afin de bien nous comprendre et de pouvoir relever ensemble les défis mondiaux », a déclaré le chancelier.
Promouvoir les échanges sociaux
Concernant les répercussions de la pandémie de Covid-19, Olaf Scholz a mis en avant l’importance de la coopération dans les relations commerciales internationales, en particulier dans le domaine de la santé, tant dans le cadre multilatéral de l’OMS qu’à l’échelon bilatéral. Il a relevé par ailleurs : « Il est important aussi que les contacts sociaux reprennent à présent. Cela vaut au même titre pour les sciences et la recherche que pour les échanges entre laboratoires d’idées. » Car un échange ouvert laisse moins de place aux malentendus, a-t-il ajouté.
M. Scholz considère que le journalisme a lui aussi besoin de liberté et d’ouverture : « Les correspondantes et correspondants allemands souhaitent nous informer depuis la Chine, mais pour cela il leur faut aussi pouvoir entrer en Chine ; nous nous y employons. » Dans ce contexte, le chancelier a réaffirmé l’attachement aux contacts interpersonnels qui « doivent maintenant se traduire dans la réalité ».
Coopérer en matière de climat et d’environnement
Olaf Scholz a insisté sur la nécessité de coopérer plus étroitement dans la lutte contre le changement climatique, un phénomène d’ampleur planétaire ne s’arrêtant pas aux frontières nationales. « L’Allemagne et la Chine étant de grands émetteurs de CO2, ils se doivent tout spécialement de lutter contre le changement climatique. Nous assumerons cette responsabilité ensemble », a assuré le chancelier.
L’Allemagne et la Chine sont convenues durant les consultations d’instaurer un dialogue sur le climat et la transformation afin d’accélérer la transition de manière pragmatique au travers du dialogue et d’une coopération concrète.
« Chaque tonne de CO2 économisée contribue à limiter le réchauffement de la planète », a insisté le chancelier. Il a estimé que l’objectif commun consistait à rendre les processus industriels plus respectueux du climat, à accélérer la transition énergétique, à promouvoir l’écomobilité et à renforcer l’économie circulaire.
Olaf Scholz a déclaré que les sujets du développement des énergies éolienne et solaire, de l’utilisation des énergies renouvelables et de l’expérience acquise pour sortir du charbon avaient été abordés au cours des consultations. « Nous voulons unir nos forces et partager nos expériences pour pouvoir continuer de réduire les émissions de gaz à effet de serre. »
L’Allemagne et la Chine ont l’intention de développer leur coopération également dans le domaine de l’environnement. Le forum germano-chinois sur l’environnement organisé par les ministères compétents se tiendra à cette fin début novembre. Hier, un protocole d’accord germano-chinois a également été signé. Il porte sur l’électromobilité ainsi que la mobilité hydrogène et vise à poursuivre les échanges techniques entre les deux pays dans les domaines de la sécurité, de la règlementation et de la normalisation.
Position sur la guerre d’agression russe contre l’Ukraine
Le chancelier a attiré l’attention sur la guerre d’agression brutale menée par la Russie contre l’Ukraine et sur ses conséquences : « J’ai renouvelé au gouvernement chinois mon appel à user encore davantage de son influence sur la Russie dans cette guerre », a-t-il déclaré. En tant que membre permanent du Conseil des Nations Unies, la Chine est investie d’une responsabilité particulière.
Olaf Scholz estime tout spécialement important que la Chine cesse de fournir des armes à l’agresseur russe. À ce sujet, il a noté : « Lors de mon déplacement en Chine en novembre dernier, le président Xi et moi-même avons dit clairement qu’il ne doit pas y avoir de menace nucléaire, et encore moins d’utilisation de l’arme nucléaire. Cela est toujours valable et je lui suis reconnaissant pour cette position commune très claire ! »
Le chancelier a évoqué encore une fois la Charte des Nations Unies et le droit à l’intégrité territoriale et à la souveraineté qui y est inscrit. « C’est sur cet ordre international fondé sur des règles que s’appuie la coexistence pacifique à l’échelle mondiale, et non sur la loi du plus fort. »
C’est pourquoi toute paix doit reposer sur le droit international et sur la décision souveraine de l’Ukraine. « Une chose est certaine : les frontières doivent être maintenues ; aucun pays ne peut considérer d’autres pays comme son pré carré et tenter par la force de déplacer les frontières. L’impérialisme n’est jamais la solution. » Il s’agit à présent d’éviter un conflit gelé. La Russie doit retirer ses troupes, sinon une paix de qualité ne pourra pas s’établir.
Coopération en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté
Le chancelier fédéral a déclaré que, compte tenu des difficultés croissantes pesant également sur la stabilité mondiale, l’Allemagne et la Chine allaient resserrer leur coopération sur les questions de la sécurité alimentaire et du soutien aux pays pauvres très endettés. Ensemble, on cherchera des solutions et on aidera les pays dans lesquels la faim, l’hyperinflation et une dette nationale élevée mènent à une instabilité dangereuse, à des conflits et à l’exode, a assuré le chancelier, ajoutant qu’un rôle important sur la scène internationale signifiait une responsabilité d’autant plus grande. D’où la volonté de mener une coopération constructive également dans le cadre du G20 : « La Chine étant le premier créancier bilatéral du monde, elle doit remplir une mission particulière en ce qui concerne ces sujets. » À ce propos, Olaf Scholz a annoncé l’organisation avant la fin de l’année, à Berlin, du troisième dialogue financier germano-chinois de haut niveau.
Poursuite du développement des relations économiques
Le chancelier s’est félicité de la dynamique des relations économiques, les qualifiant d’élément constitutif majeur des relations bilatérales. S’agissant des enjeux connexes, il a réaffirmé : « Nous n’avons aucun intérêt à nous couper économiquement de la Chine. Les pays du G7 l’ont d’ailleurs réaffirmé tout récemment lors de leur sommet de Hiroshima. »
Cependant, l’accès au marché chinois et à des conditions de concurrence loyale pose encore à l’heure actuelle des problèmes pour les entreprises allemandes et autres entreprises étrangères en Chine, a déploré le chancelier, ajoutant que l’Allemagne attendait sur ce plan des améliorations concrètes. Cela présuppose notamment un cadre doté de règles du jeu équitables (« level playing field ») que l’Allemagne s’efforcera d’obtenir.
Dans ce contexte, Olaf Scholz a également insisté sur la loi allemande relative aux chaînes d’approvisionnement qui se rapporte au monde entier et servira à améliorer le respect des droits humains : « Des conditions de production dignes et les améliorations de la situation en matière de droits humains qui en découlent sont dans notre intérêt commun », a-t-il déclaré. Le chancelier a notamment évoqué à ce sujet la Déclaration universelle des droits de l’homme, contraignante pour tous.
Il a souligné l’importance d’un élargissement actif des relations économiques : « Nous ne voulons pas nous fermer à un partenaire mais instaurer ou développer dans toute l’Asie et au-delà des partenariats équilibrés. »
Outre le chancelier fédéral et le premier ministre Li Qiang participaient aux consultations intergouvernementales les dirigeants des ministères fédéraux (Économie et Protection du climat ; Affaires étrangères ; Environnement, Protection de la Nature, Sûreté nucléaire et Protection des consommateurs ; Coopération économique et Développement ; Numérique et Transports ; Finances ; Justice ; Santé ; Éducation et Recherche) et leurs homologues chinois.
Participer ensemble au Forum économique germano-chinois
À l’issue des consultations, le chancelier et le premier ministre chinois ont rencontré des représentants des milieux d’affaires des deux pays dans le cadre de la réunion plénière finale du 11e Forum germano-chinois de coopération économique et technologique. Le ministre fédéral de l’Économie et de la Protection du climat, Robert Habeck, ainsi que le ministre chinois du Commerce et le président de la Commission nationale du développement et de la réforme étaient également présents.
Dans son discours de clôture, le chancelier a rappelé la période géopolitique difficile que nous traversons et résumé : « Précisément pour des pays exportateurs comme la Chine et l’Allemagne, des règles fiables et un cadre stable à l’échelle mondiale revêtent une très grande importance. »
Les deux pays, a-t-il précisé, entendent se rapprocher sur le plan économique et profiter mutuellement des échanges ainsi des investissements respectifs. Également en ce qui concerne le développement des technologies respectueuses du climat, une coopération étroite les intéresse. « C’est ce que nous voulons poursuivre et approfondir dans le cadre du dialogue sur le climat et la transformation », a fait remarquer Olaf Scholz.
Il a cependant insisté : « Il est certain que pour chaque pays du monde il sera plus facile d’atteindre ses objectifs climatiques si nous permettons une concurrence loyale, un accès ouvert aux marchés et un cadre doté de règles du jeu équitables. Car en définitive, la concurrence stimule l’innovation. » Mais la transformation ne peut réussir que « si nous partageons les technologies sans devoir craindre un non-respect des droits de propriété intellectuelle », a rappelé M. Scholz.
Les enjeux de la mondialisation
Se référant à la mondialisation, le chancelier a indiqué : « Par le passé, la division mondiale du travail a apporté la prospérité ; d’un autre côté, la pandémie et l’évolution de la situation géopolitique ont renforcé les craintes liées à une interruption possible des chaînes d’approvisionnement et à des dépendances risquées. »
M. Scholz a déclaré que le fait de réduire les risques n’impliquait pas de renoncer à la mondialisation. « Au contraire : un commerce mondial ouvert et réglementé rend nos économies plus résilientes, plus fortes et plus riches. Car il nous permet d’avoir des fournisseurs différents, des sites d’implantation différents et de nombreux débouchés. » Son constat : de bonnes relations économiques entre la Chine et l’Allemagne sont donc dans l’intérêt des deux pays.
Le chancelier fédéral avait invité dès lundi soir le premier ministre Li Qiang à un entretien bilatéral dans le cadre d’un dîner à la Chancellerie fédérale.