Organiser le monde multipolaire autour de « nouvelles voies de coopération »

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Le chancelier Olaf Scholz au Forum économique mondial de Davos Organiser le monde multipolaire autour de « nouvelles voies de coopération »

Le Forum économique mondial de Davos s’est déroulé sous le signe de la guerre en Ukraine, des crises climatique et énergétique, et dans un contexte de pénurie alimentaire croissante. Face à de tels bouleversements, le chancelier fédéral Olaf Scholz a exhorté à davantage de multilatéralisme ainsi qu’à une plus grande coopération internationale, et souligné la nécessité d’une mondialisation durable, solidaire et intelligente.

Temps de lecture: 7 min.

Discours du chancelier fédéral Olaf Scholz lors du Forum économique mondial de Davos

« La dé-mondialisation est une fausse piste ! », a affirmé le chancelier fédéral Olaf Scholz à Davos.

Photo : Gouvernement fédéral/Steins

En accord avec le fil conducteur de l’édition 2022 du Forum économique mondial, le chancelier fédéral Olaf Scholz a affirmé : « En effet, le monde est à un ‘turning point’, un tournant. » Il vit un bouleversement car non seulement l’agression russe remet en question l’État ukrainien mais aussi « un système de coopération internationale né du ‘plus jamais ça !’ apparu dans le sillage de deux guerres mondiales dévastatrices », a déclaré le chancelier dans son discours prononcé au Forum économique mondial de Davos.

« L’Histoire à un tournant : politiques gouvernementales et stratégies d’affaires » („History at a Turning Point: Governement Policies and Business Strategies“). Tel était cette année le thème du Forum économique mondial (FEM). En raison de la pandémie, l’événement, qui s’était d’abord déroulé en format virtuel en janvier, bénéficie aujourd’hui d’une session de rattrapage à Davos, en présence de 2 000 participants.

« On peut compter sur l’Allemagne ! »

Le G7, l’OTAN et l’UE ont réagi à l’unisson, en prenant de lourdes sanctions « d’une ampleur inédite à l’encontre d’un pays aussi vaste que la Russie ». C’est aussi la première fois que l’Allemagne livre des armes, parmi lesquelles des équipements lourds, dans une telle zone de guerre. Dans le même temps, « rien n’est fait qui puisse permettre d’assimiler l’OTAN à une partie belligérante », a souligné le chancelier. L’objectif consiste à signifier à Vladimir Poutine « qu’il n’y aura pas de paix contrainte. L’Ukraine ne l’acceptera pas, et nous non plus ».

L’Allemagne a par ailleurs fait volte-face dans sa politique de défense. Cent milliards d’euros ont été débloqués pour moderniser la Bundeswehr. Il en va de la sécurité de l’Allemagne, mais c’est aussi un message adressé aux partenaires de l’Alliance : « On peut compter sur l’Allemagne ! ».

Avec la guerre, l’objectif de neutralité climatique gagne en importance

L’Allemagne et l’Europe vont réduire leur dépendance aux importations énergétiques russes, a martelé Olaf Scholz. Malgré tous les efforts déployés, il y aura des conséquences, notamment sur les prix. Et cela constitue un défi de taille pour des pays tels que l’Allemagne « qui est et demeurera un pays industrialisé », a fait remarquer le chancelier.

L’Allemagne investira des milliards d’euros dans la transformation de son économie. Avec la guerre menée par Vladimir Poutine, l’objectif d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2045 a encore gagné en importance. Le mot d’ordre est « maintenant plus que jamais », a indiqué le chancelier. Les années 2020 seront des années « de changement, de renouvellement et de transformation ».

Façonner un monde multipolaire

Au-delà de la guerre en Ukraine, le tournant consiste aussi à façonner un monde multipolaire dans lequel les régions et les pays les plus divers exigeront de participer davantage à la vie politique à l’aune de leur poids économique et démographique croissant. « Cela ne constitue pas une menace », a fait remarquer M. Scholz.

Toutefois, dans le même temps, ces changements entraînent des conséquences inévitables pour l’ordre politique. Comment créer un ordre « dans lequel des centres de pouvoir très différents coopèrent de manière fiable dans l’intérêt de tous ? », a demandé Olaf Scholz. Il n’en existe aucun exemple dans l’Histoire. Pour autant, le chancelier est convaincu : « Nous pouvons y parvenir, si nous trouvons de nouveaux domaines et voies de coopération. »

La solidarité internationale est essentielle

Même si, pour les États d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, l’Ukraine est un pays lointain, les conséquences mondiales de la guerre sont proches, « et prennent la forme de menaces de crises alimentaire, inflationniste et des matières premières », a indiqué le chancelier.

Si, à l’avenir, la défense de la liberté et du droit doit se poursuivre avec ces pays, « nous devons également nous montrer solidaires de leurs préoccupations ». En d’autres termes, dans un monde multipolaire, ce type d’ordre international ne pourra exister sans solidarité internationale.

C’est pourquoi M. Scholz compte sur de nouveaux partenariats, notamment avec les pays du Sud. Bon nombre d’entre eux sont également des démocraties, un terme qui, trop longtemps, a dans les faits été assimilé à l’Occident. Grâce à ces nouveaux partenariats, on entend progresser ensemble sur les questions qui se posent pour l’avenir. L’idée sous-jacente : « apporter des réponses par la coopération internationale. Le multilatéralisme fonctionne ! », a insisté Olaf Scholz.

Le Forum économique mondial (FEM) est une fondation reconnue d’utilité publique. Il a été fondé en 1971 par l’économiste allemand Klaus Schwab. Chaque année, d’éminents experts économiques, responsables politiques, intellectuels et journalistes du monde entier se réunissent afin de débattre des grands dossiers à l’ordre du jour mondial et de trouver un équilibre entre profit économique et justice sociale.

« La dé-mondialisation est une fausse piste ! »

Il est évident que de nombreux États sont en train de revoir et de réduire leurs dépendances stratégiques. Dans ce monde multipolaire vulnérable en temps de crise, l’urgence du moment consiste à « être plus résilients sur le plan économique », grâce à la diversification. Mais il ne faut pas que cela devienne un prétexte à l’isolement, aux barrières douanières et au protectionnisme. « La dé-mondialisation est une fausse piste ! », a fait valoir clairement M. Scholz. Ce sont, au bout du compte, les entreprises, les salariés et les consommateurs qui paient le prix des barrières commerciales.

Olaf Scholz a par ailleurs rappelé que, ces dernières décennies, la division du travail, l’échange des connaissances et l’interconnexion économique mondiale ont permis à des milliards de personnes de sortir de la pauvreté.

Façonner la mondialisation de façon durable et intelligente

À l’avenir, la mondialisation devra être mesurée en fonction de quatre critères. Elle devra être durable et résiliente, et tenir compte des ressources naturelles et des générations futures. Elle devra être solidaire et profiter à l’ensemble des citoyennes et des citoyens, où qu’ils vivent dans le monde. Enfin, elle devra être intelligente et reposer sur des règles modernes et de nouvelles formes de coopération.

Climat, alimentation, santé : des domaines de coopération

Le club climatique international illustre bien cette forme de coopération. « Ce club est ouvert à tous les États, à condition qu’ils s’engagent à respecter certaines normes minimales. Ainsi, nous mettons en place un ‘level playing field’, un environnement équitable empêchant que des règles différentes ne faussent la concurrence. Dans le même temps, en tant que club climatique, nous poursuivons ensemble le développement de technologies respectueuses du climat et renforçons notre coopération. »

L’Alliance pour la sécurité alimentaire mondiale, lancée en concertation avec la Banque mondiale dans le cadre de la présidence du G7, en est un deuxième exemple. Dans le contexte actuel de crises et de guerre, l’engagement du G7 en faveur de marchés agricoles ouverts illustre bien la qualité de la coopération internationale.

La gestion future des crises sanitaires est un troisième domaine appelant une amélioration de la coopération internationale. Sur fond de lutte à long terme contre la pandémie de Covid-19 ainsi que, à l’avenir, contre d’éventuelles autres maladies, il s’agit de soutenir l’approvisionnement mondial en vaccins. La mise en place d’une production de vaccins à l’échelle mondiale témoigne d’une collaboration internationale réussie entre la politique et l’économie.

« Nous nous portons garants pour l’avenir »

Pour finir, le chancelier Olaf Scholz en a appelé à « l’esprit de Davos ». Si certains voulaient que le monde revienne au nationalisme, à l’impérialisme et à la guerre, la réponse serait : « Sans nous ! Nous nous portons garants pour l’avenir ! » Un monde multipolaire ne doit être qu’un encouragement, à plus de multilatéralisme et de coopération internationale, a souligné Olaf Scholz.

Lors de cette édition du Forum économique mondial placée sous le signe de la guerre en Ukraine, il a été question de reprise économique mondiale après la pandémie de Covid-19, de gestion du changement climatique et de bouleversements dans le monde du travail. Le chancelier fédéral figurait parmi les orateurs et oratrices de renom qui ont pris la parole lors du Forum : dans son discours d’ouverture, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui y participait virtuellement, a demandé que de nouvelles sanctions soient prononcées à l’encontre de la Russie. Selon lui, un embargo sur les sources d’énergie russes est nécessaire.
Précédemment, le ministre fédéral de l’Économie Robert Habeck avait exigé une plus grande cohésion européenne quant à un embargo sur le pétrole. Mme von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est elle aussi adressée aux participants, tout comme le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, l’envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat John F. Kerry, la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva, et plusieurs chefs d’État et de gouvernement européens