Angela Merkel : entretenir le souvenir

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Centenaire de la bataille de Verdun Angela Merkel : entretenir le souvenir

La chancelière fédérale Angela Merkel a appelé à tirer les leçons du passé afin de « construire un bel avenir ». Il importe de rester vigilants et de « résister dès les premiers signes », a déclaré la chancelière à l'occasion de la cérémonie de commémoration à Verdun.

François Hollande et Angela Merkel ont allumé ensemble la flamme de la nécropole nationale de Douaumont

Angela Merkel et François Hollande ont allumé la « flamme du souvenir » en mémoire des victimes de la guerre

Photo : Sean Gallup/Getty Images

Lors de la cérémonie de commémoration principale qui s'est tenue dimanche à Verdun, la chancelière fédérale a remercié le président français François Hollande pour son invitation à « se recueillir ensemble » : « Il s'agit d'un geste qui nous touche profondément en Allemagne. »
Dans son discours, Mme Merkel a souligné que « Verdun ne nous laisse pas tranquilles et ne doit pas nous laisser tranquilles ». Le nom de Verdun est un symbole de l'inconcevable atrocité et absurdité de la guerre, mais aussi du désir de paix, du dépassement de la haine et de la réconciliation franco-allemande.

« Rester vigilants et résister dès les premiers signes »

La chancelière a affirmé que les morts de Verdun étaient les victimes de l'étroitesse d'esprit, du nationalisme, de l'aveuglement et de la faillite politique. Encore aujourd'hui, il importe de « rester vigilants et résister dès les premiers signes ». Elle a souligné à quel point il est important et « vital » de ne pas se replier sur soi-même, mais d'accueillir l'autre. « C'est seulement en s'ouvrant les uns aux autres que l'on peut apprendre et s'enrichir des expériences mutuelles. » Cela représente la clé de la réussite de l'Europe, selon la chancelière. Actuellement, on constate des « faiblesses » au sein de la communauté européenne. L'Europe doit prouver à nouveau sa capacité « de compromis, d'unité », a-t-elle ajouté.

Se référant à la réconciliation franco-allemande, la chancelière a souligné l'importance du traité de l'Élysée, signé en 1963 par le chancelier fédéral Konrad Adenauer et le président français Charles de Gaulle. Lien de confiance, ce traité représente un héritage on ne peut plus précieux. Mme Merkel a aussi évoqué le signal envoyé en 1984 par le chancelier fédéral Helmut Kohl et le président Francois Mitterand lorsqu'ils s'étaient recueillis, main dans la main, devant les tombes de Verdun, 70 ans après le déclenchement de la Première Guerre mondiale : « Ce geste exprime plus que n'importe quelle parole. Il était et demeure un témoignage d'un profond sentiment d'union. Et c'est ainsi que nous pensons ensemble aujourd'hui. »

« Il n'y a plus de tranchées qui nous séparent », a souligné la chancelière, faisant allusion à la France et l'Allemagne. S'agissant de l'Europe, elle a affirmé : Heureusement, nous sommes unis. Puisse cela demeurer ainsi. »

Mme Merkel et M. Hollande ont été accueillis avec les honneurs militaires devant la nécropole nationale de Douaumont. La mise en scène de la cérémonie de commémoration principale avait été confiée au cinéaste allemand Volker Schlöndorff. Dans le cadre de celle-ci, 3 000 jeunes Allemands et Français ont notamment reconstitué la bataille. À la fin de la cérémonie, Mme Merkel et M. Hollande ont allumé la « flamme éternelle » dans l'ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes de quelque 130 000 soldats inconnus, Français et Allemands. La chancelière et le président ont en outre dévoilé une plaque commémorative et visité l'exposition permanente du Mémorial rénové où, pour la première fois, les noms de morts allemands comme français sont gravés dans la voûte du hall d'entrée.

Au Mémorial de Verdun, Angela Merkel et François Hollande ont rencontré les présidents du Parlement européen Martin Schulz, de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ainsi que du Conseil européen Donald Tusk. Au préalable, la chancelière fédérale et le président avaient échangé au cours d'un déjeuner de travail sur des questions actuelles bilatérales, européennes et internationales.

Angela Merkel : « Que les choses soient telles qu’elles sont aujourd’hui signifie beaucoup pour moi »

Dans la matinée, Angela Merkel avait tenu un discours à l'hôtel de ville de Verdun. « C'est une chose belle, et tout sauf évidente, que de pouvoir contempler des visages amis en un lieu aussi chargé de symbole et d'histoire que celui-ci », a-t-elle déclaré. Bien que l'horreur remonte à de nombreuses années, « cela signifie beaucoup pour moi que les choses soient telles qu'elles sont aujourd'hui. Car en France, rares sont les familles à n'avoir pas été touchées par les atrocités de la guerre », a ajouté la chancelière.

Le paysage environnant lui-même porte encore les traces de la guerre. Le souvenir est donc omniprésent. « Cela signifie que nous sommes tous appelés à maintenir vivant le souvenir à l'avenir », selon Angela Merkel. « Car ce n'est qu'en connaissant le passé que l'on peut en tirer les leçons et ainsi construire un bel avenir ».

Visite du cimetière allemand

La chancelière et le président ont commencé cette journée de commémoration par une visite commune au cimetière allemand de Consenvoye et un dépôt de gerbe. Ils ont ensuite déposé une autre couronne au Monument dédié aux enfants de Verdun. Puis, sur le pont Chaussée qui enjambe la Meuse, 100 élèves ont procédé à un lâcher de ballons en signe de paix.

La bataille de Verdun, au nord-est de la France, a débuté le 21 février 1916 et duré jusqu'en décembre 1916. Les combats ont marqué le déroulement de la Première Guerre mondiale et fait plus de 300 000 morts parmi les soldats allemands et français. C'est à Verdun qu'ont eu lieu des massacres d'une ampleur jusque-là inconnue. Les techniques de guerre modernes telles que les attaques aériennes et les gaz toxiques ont ensuite été employées sans que l'une ou l'autre des parties au conflit obtienne ainsi d'avantage décisif. Cette bataille sanglante pour les fortifications de Verdun, alors réputées imprenables, est aujourd'hui le symbole de la brutalité et de l'absurdité de la Première Guerre mondiale.