Agir à l’unisson et faire preuve de force

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Déclaration de politique générale Agir à l’unisson et faire preuve de force

Ukraine, EIIL et Ebola, c’est par ces crises internationales qu’Angela Merkel a commencé sa déclaration devant le Bundestag. Seule une Europe unie peut défendre avec succès ses intérêts dans le monde, a-t-elle affirmé. Et dans la perspective du Conseil européen et du sommet sur l’euro à la fin du mois, elle a ajouté : « Nous devons donner une nouvelle force à l’Europe. »

Temps de lecture: 8 min.

La chancelière fédérale prononce une déclaration de politique générale devant le Bundestag.

Angela Merkel souligne la nécessité d’une Union européenne forte et unie.

Photo : Bundesregierung/Köhler

Dans sa déclaration, la chancelière allemande a tout d’abord souligné l’importance du sommet Europe-Asie (ASEM) auquel elle s’apprête à participer. Ce sera selon elle l’occasion pour les pays industriels, émergents et en développement de démontrer les atouts de leur partenariat dans des questions d’intérêt commun.

L’ASEM est un « grand et important forum » dans le cadre duquel les chefs d’État et de gouvernement peuvent régulièrement « discuter des questions qui présentent un intérêt commun pour l’Europe et l’Asie », a constaté Mme Merkel.

Renforcer le partenariat et assurer le respect du droit international

Les grands défis planétaires ne peuvent être relevés que « si nous agissons ensemble », a-t-elle estimé. Un « partenariat de responsabilité pour une croissance et une sécurité durables », thème du rendez-vous de l’ASEM à Milan, peut apporter de précieuses contributions à cet égard, a affirmé Mme Merkel avant de mentionner à l’appui divers exemples de l’actualité politique mondiale.

Des voies maritimes librement accessibles et sûres ne sont « assurément pas des questions purement régionales », a-elle-poursuivi. L’Allemagne étant un pays commercial, ses intérêts sont également « directement concernés ». Berlin s’engage donc aux côtés de ses partenaires « pour que les mécanismes internationaux de règlement des différends soient appliqués aux questions territoriales non résolues et pour que soient prises des mesures de confiance ».

Se mobiliser face à la crise en Ukraine

Selon Mme Merkel, « la crise ukrainienne nous fournit en Europe un exemple on ne peut plus radical » des conséquences que peuvent avoir les violations du droit international et, partant, de l’ordre juridique et de paix mondial. Ces conséquences ne sont pas dévastatrices uniquement pour le pays concerné, elles sont également graves bien au-delà, a-t-elle fait remarquer, ajoutant que « la communauté internationale doit se mobiliser pour y faire face ».

Angela Merkel a annoncé qu’elle aurait des entretiens en marge de l’ASEM avec le président ukrainien Petro Porochenko et avec le président russe Vladimir Poutine. En effet, malgré le cessez-le-feu, la situation en Ukraine « demeure extrêmement difficile ». Il est question chaque jour de nouveaux affrontements et de nouvelles victimes, et plus de 300 personnes ont déjà trouvé la mort depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, a-t-elle déploré.

Contribution décisive de la Russie

C’est à la Russie de fournir la contribution décisive pour une désescalade de la situation en Ukraine, a estimé Mme Merkel. « Dans cette optique, il est indispensable que les accords signés à Minsk au mois de septembre soient entièrement appliqués », a-t-elle bien insisté. Ces accords prévoient notamment le retrait des armes russes, une sécurisation efficace de la frontière sous contrôle de l’OSCE et la tenue d’élections communales dans l’est de l’Ukraine, « en vertu du droit ukrainien », a martelé Mme Merkel, avant d’ajouter : « C’est précisément ce de quoi nous nous entretiendrons. »

Angela Merkel a poursuivi en disant qu’elle « ne laisse toujours aucun doute » sur le fait que toute violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, toute atteinte portée au droit international dans notre voisinage immédiat « ne restera pas sans conséquence ». Les sanctions ne sont donc pas une « fin en soi », mais « un volet important de notre stratégie destinée à mettre un terme au conflit ukrainien ».

« Par ailleurs, nous ne relâchons pas nos efforts de dialogue avec la Russie », a-t-elle précisé, car les sanctions n’excluent pas le dialogue, elles visent à « toujours faire respecter la force du droit ».

Lutter ensemble contre l’EIIL

L’organisation terroriste autoproclamée « État islamique » constitue pour le Proche et le Moyen-Orient une « menace d’une dimension tout à fait nouvelle », a constaté Mme Merkel. « Plus encore, elle menace l’ensemble du monde libre. » Dès lors, cette menace doit être considérée comme un défi commun à l’échelle planétaire « auquel nous devons faire face ensemble ».

La chancelière a proposé de resserrer la coopération entre l’Europe et l’Asie afin d’empêcher des djihadistes potentiels de se déplacer. Il est également nécessaire à son avis d’échanger sur les possibilités de lutter efficacement contre toute forme de radicalisation dans les sociétés.

Combattre plus efficacement l’épidémie d’Ebola

« À l’ère de la mondialisation, seule une coopération internationale nettement plus étroite et des structures nettement plus efficaces » que celles qui existent actuellement peuvent permettre selon Mme Merkel de lutter contre le « terrible fléau » qui ravage actuellement les pays de l’Afrique de l’Ouest. « Ebola et les autres épidémies du même genre ne s’arrêtent pas aux frontières, elles nous concernent tous », a-t-elle rappelé.

L’Europe interpellée

Les exemples cités montrent, d’après Mme Merkel, « l’importance d’un partenariat de responsabilité à l’échelle de la planète ». La chancelière a déclaré ressentir dans ses contacts avec les pays partenaires tout ce qu’ils attendent de l’Europe, combien ils comptent sur l’Europe « pour que nous fassions entendre notre voix, que nous amenions les autres à nous écouter et que nous soutenions les autres ».

« Il est d’autant plus important que nous, Européens, soyons toujours bien conscients que seule une Europe unie, une Europe forte peut défendre avec succès ses intérêts et ses valeurs dans le monde », a-t-elle constaté, ajoutant qu’une condition restait essentielle à cet égard, à savoir « que l’Europe sorte renforcée de la crise européenne de la dette ».

Surmonter la crise de façon ciblée et durable

Concernant la nouvelle équipe à Bruxelles, Mme Merkel a déclaré ne pas attendre de l’Union européenne qu’elle se sente compétente dans tous les domaines. Il faut qu’elle se concentre sur les choses importantes. Or, pour Mme Merkel, l’agenda stratégique adopté par les chefs d’État et de gouvernement au mois de juin pour les cinq prochaines années offre de ce point de vue une bonne base.

Lors du Conseil européen des 23 et 24 octobre, il s’agira selon elle de réfléchir « à nos possibilités de renforcer la compétitivité, la croissance et l’emploi en Europe de façon ciblée et durable ».

Respecter les règles du Pacte de stabilité et de croissance

Angela Merkel a dit se réjouir des premiers succès remportés dans ce domaine. « Dans les pays durement touchés par la crise, la productivité et les balances courantes se sont améliorées, et les déficits budgétaires ont baissé », a-t-elle constaté. L’Irlande, le Portugal et l’Espagne ont pu mener à bien leur programme de développement. Et pourtant, il est indispensable que se poursuivent résolument les efforts entrepris pour parvenir à une croissance durable, des finances publiques solides et des créations d’emplois.

« Je continuerai de m’engager en faveur d’une coordination plus étroite et contraignante des politiques économiques en Europe », a assuré la chancelière. Car « nous en avons besoin pour avancer ensemble, de façon permanente et durable, dans notre zone monétaire commune et pour générer des emplois ».

Au mois de juin, à l’occasion de la réunion du Conseil européen, tous les chefs d’État et de gouvernement européens avaient réaffirmé respecter les règles du Pacte de stabilité et de croissance renforcé. Aux yeux de Mme Merkel, c’est dans ce cas uniquement que le pacte « peut remplir sa fonction de garant de la stabilité et inspirer la confiance dans la zone euro ».

Lutter contre le chômage des jeunes

La question du chômage des jeunes « reste un fort sujet de préoccupation », a déclaré la chancelière. Il convient à son avis d’employer aussi rapidement et de façon aussi efficace que possible les instruments nationaux et européens existants pour lutter contre ce phénomène en Europe. Mais, a-t-elle estimé, il est tout aussi important de promouvoir la mobilité des travailleurs au sein de l’Union européenne. Dans ce contexte, Mme Merkel a insisté sur la nécessité d’identifier les régions en expansion en Europe afin d’y mener des actions de formation ciblées.

Dresser le bilan

La chancelière a par ailleurs annoncé vouloir profiter du sommet sur l’euro et du Conseil européen de la semaine prochaine pour faire un bilan. Quels résultats ont permis d’obtenir les mesures du Pacte de stabilité et de croissance adoptées il y a deux ans ? Quelles décisions faut-il prendre pour l’avenir ?

« Nous avons montré en Allemagne qu’il est possible de renforcer la croissance et les investissements sans pour autant renoncer à la consolidation budgétaire », a-t-elle déclaré. En effet, ce sont l’industrie et les entreprises qui créent des emplois et qui innovent et « si nous voulons favoriser la croissance en Europe, il faut donc commencer par mobiliser les capitaux privés, ce qui est actuellement trop rarement le cas », a insisté la chancelière.

Un signal en faveur de la protection du climat

Le Conseil européen portera également sur les questions climatiques et énergétiques. Concernant la conférence Paris Climat 2015, la chancelière a déclaré que l’enjeu désormais était « un approvisionnement en énergie durable, sûr, abordable et respectueux de l’environnement, ainsi que des objectifs climatiques ambitieux ». Lors du Conseil européen, il sera question d’objectifs et d’indicateurs concrets à l’horizon 2030.

Le cadre climatique et énergétique fixé par l’Union européenne pour 2030 prévoit notamment de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990, de porter à 27 % la part des énergies renouvelables et de réduire au moins de 30 % la consommation d’énergie primaire. « Nous voulons que l’Europe émette un signal fort en faveur de la protection du climat », a insisté Mme Merkel.

Réformer le mécanisme européen d’échanges de droits d’émission

En tant qu’instrument clé de la lutte contre le changement climatique en Europe, l’échange de quotas d’émission doit contribuer au cadre climatique et énergétique. Il conviendra de réduire les excédents de certificats d’émission et de recadrer les échanges de droits d’émission, ce qui permettra, selon la chancelière allemande, d’inciter à investir dans des systèmes efficaces.

Mme Merkel s’attend à des négociations ardues au sein de l’UE. Tous les États membres doivent apporter leur contribution à la réalisation de cet objectif, a-t-elle constaté, avant de conclure que si l’Allemagne était prête à aider, elle ne pouvait cependant supporter une charge excessive.